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Allemagne : comment vont se passer les négociations pour former un nouveau gouvernement

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cité par Paul Véronique dans

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Les élections législatives allemandes de dimanche ne sont qu'une première étape avant la formation d'un nouveau gouvernement. Après les élections, place aux négociations. A l'issue des législatives allemandes de dimanche, l'incertitude continue de planer quant à la composition du prochain gouvernement de coalition.

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Selon des résultats provisoires dévoilés ce lundi, le SPD de centre gauche a remporté le scrutin d'une courte avance avec 25,7% des voix, devançant les conservateurs de la CDU-CSU avec un score de 24,1%. Suivent les deux faiseurs de roi de ce scrutin : les Verts (14,5%) et les libéraux du FDP (11,5%). Tous deux peuvent maintenant décider de s'allier avec le SPD ou la CDU-CSU afin de bâtir une majorité, s'ils parviennent à s'entendre au préalable sur un programme commun. C'est tout l'enjeu des intenses négociations qui ont commencé ce lundi entre les différents partis en vue de former une majorité de coalition. 

Que sait-on des discussions à ce stade ?

"Une coalition reposant sur une alliance entre les Verts, les libéraux et soit le SPD, soit la CDU-CSU est possible. Ils vont donc devoir s'accorder sur de nombreux sujets tels que la fiscalité, l'environnement, ou encore la politique étrangère. A l'issue de ces négociations, un accord de coalition sera rédigé conjointement et guidera la politique conduite lors des quatre années de la mandature", explique Hélène Miard-Delacroix, professeure à Sorbonne Université, spécialiste de l'Allemagne. 

  • A ce stade, le chef des libéraux du FDP Christian Lindner a indiqué qu'il serait "souhaitable" pour son parti et les écologistes "de discuter d'abord entre eux" avant de décider s'ils s'allient avec les conservateurs ou les sociaux-démocrates. "Lorsqu'une majorité de coalition émerge, le président fédéral propose un candidat au poste de chancelier qui devra être élu par le Bundestag (Parlement allemand), tout comme son gouvernement par la suite. Le président fédéral choisit toujours à ce poste la tête de liste du parti étant arrivé en tête au sein de la coalition", détaille Eric-André Martin, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'IFRI. Dans le cas présent, en cas d'alliance entre le SPD, les Verts et le FDP, il s'agirait donc d'Olaf Scholz, le chef de file des sociaux-démocrates. 

Pourquoi le SPD et la CDU-CSU revendiquent-ils tous deux la formation d'un gouvernement ?

Toutefois, la Constitution allemande n'empêche pas plusieurs partis de revendiquer la formation d'une coalition. Aussi, le candidat conservateur à la chancellerie, Armin Laschet, a affirmé dès dimanche, et malgré sa seconde place lors du scrutin, son intention de mener des négociations en vue de "former un gouvernement sous la direction de la CDU-CSU". 

"Tant qu'un parti parvient à obtenir une majorité de coalition au Bundestag, il peut prétendre à la formation d'un gouvernement. Il n'est donc pas à exclure que Armin Laschet dirige la prochaine coalition, s'il parvient à s'entendre avec les Verts et les libéraux", souligne Hélène Miard-Delacroix. Une situation qui s'est d'ailleurs déjà présentée par le passé. En 1969 notamment. Malgré sa seconde place lors des législatives, le chef de file du SPD Willy Brandt était ainsi parvenu à se faire élire à la chancellerie grâce à une alliance avec le FDP. 

Combien de temps peuvent prendre ces négociations ?

Selon les cas, cela peut prendre plusieurs semaines voire plusieurs mois. Lors des dernières législatives en 2017, il avait ainsi fallu attendre six mois avant de trouver un accord pour une grande coalition droite-gauche, entraînant une paralysie politique du pays pendant tout cet intervalle. Soucieux de ne pas replonger l'Allemagne dans cette situation, le SPD et la CDU-CSU ont fait part dès dimanche de leur souhait de voir aboutir la formation de la future coalition "avant Noël". 

Une donnée de l'équation pourrait cependant mettre en doute cette échéance. "On s'attend à des négociations longues et difficiles parce que pour la première fois depuis les années 1950, la coalition devrait comprendre trois partis et non pas deux comme habituellement. Cela va donc nécessairement compliquer les discussions", juge Hélène Miard-Delacroix. L'hostilité du FDP aux augmentations d'impôts et au recours à la dette publique semble effectivement difficilement conciliable avec la hausse du Smic souhaitée par le SPD ou les investissements massifs dans la transition écologique réclamés par les écologistes.

  • "Toute la difficulté sera d'essayer de mélanger des orientations politiques assez largement incompatibles si on s'en tient à la lecture des programmes", abonde Eric-André Martin

Que se passe-t-il si les négociations échouent ?

Ici, plusieurs cas de figure sont envisageables. "Si les Verts et les libéraux ne parviennent pas à trouver un accord avec le SPD ou la CDU-CSU, alors on peut imaginer une nouvelle grande coalition directement entre le SPD et la CDU-CSU. Mais je ne pense pas que cette solution soit privilégiée à ce stade", estime Hélène Miard-Delacroix. A l'issue des législatives de 2017, l'échec des négociations entre la CDU-CSU, les Verts et le FDP, avait déjà conduit à la formation d'une coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates. 

  • Si ces négociations venaient encore une fois à échouer, empêchant du même coup l'élection d'un nouveau chancelier, alors il reviendrait au président de nommer un chancelier minoritaire ou de dissoudre le Bundestag, en vertu de l'article 63 alinéa 4 de la Loi fondamentale. "Ce serait entrer dans un cycle de crise politique qui n'est ni dans l'intérêt des partis, ni dans celui de l'Allemagne. Donc cela me semble improbable pour le moment", juge Eric-André Martin. A ce jour, ce scénario ne s'est jamais présenté. 
 
Voir l'article sur le site L'Express.
 
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Éric-André MARTIN

Éric-André MARTIN

Intitulé du poste

Ancien secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri