"La guerre est gagnée ! Voici la Victoire ! C’est la Victoire des Nations Unies et c’est la Victoire de la France ! L’ennemi allemand vient de capituler devant les armées alliées de l’ouest et de l’est". Ce 8 mai 1945, Charles de Gaulle prononçait un célèbre discours annonçant la fin du conflit le plus meurtrier de l'histoire en Europe. Depuis, cette date s'est progressivement enracinée comme un jour de commémoration, notamment en France.

"Mais il y a une difficulté de véritablement unifier internationalement une mémoire autour de l'effondrement du nazisme" sur un jour unique, rappelle l'historien spécialisé Denis Peschanski dans une vidéo publiée sur le réseau Canopé. Autrement dit, le 8 mai n'a pas la même signification ou importance dans tous les pays, et certainement pas de l'autre côté du Rhin. "L'Allemagne a une histoire compliquée, du moins tortueuse, avec le 8 mai. 

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Une dichotomie entre la RFA et la RDA

Pour comprendre pourquoi, il faut remonter plusieurs décennies en arrière, à l'époque où l'Allemagne est morcelée entre la RDA, à l'est, et la RFA, à l'ouest. En RDA donc, "le 8 mai est célébré comme le jour de la libération du nazisme sur le modèle soviétique" dès le début des années 1950, ce qui signifie qu'il a toujours eu son importance, affirme Nathalie Le Bouëdec. "On avait une mise en avant au travers des monuments, comme Treptower Park, à Berlin, où sont enterrés près de 5000 soldats soviétiques, ou le musée Karlshorst, où a été signé la capitulation de l'armée allemande", abonde Paul Maurice, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Institut français des relations internationales (Ifri), qui parle d'une "véritable mise en avant du mythe de la libération par les Soviétiques".

En RFA, en revanche, les choses ont été beaucoup plus progressives. "Le 8 mai était un jour passé sous silence. On ne le voyait pas comme un moment important", souligne Paul Maurice. Le premier président de la République fédérale, Theodor Heuss, a d'ailleurs déclaré en 1952 à son sujet qu'il s'agissait du "paradoxe le plus tragique et le plus discutable de l'histoire [...] parce que nous sommes à la fois libérés et anéantis". "C'est donc un jour que l'on a d'abord essayé d'oublier très rapidement", assure le chercheur. "Comme il est associé à la défaite, aux souffrances et à la destruction, on n'en a pas trop parlé", confirme Nathalie Le Bouëdec. 

Le 8 mai comme "jour de libération"

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"Avec la réunification, il n'y a pas eu d'énormes changements dans ce qui existait à l'ouest", poursuit Paul Maurice. "Aujourd'hui, au sein de la population, je pense que la plupart des Allemands considèrent que c'est tout à fait normal de reconnaître ce jour comme un jour de libération, notamment chez les plus jeunes", avance-t-il même. 

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