Friedrich Merz à Paris : pourquoi le nouveau chancelier allemand réserve-t-il sa première visite à la France ?
Malgré un camouflet surprise au premier tour, Friedrich Merz a été élu chancelier de l'Allemagne par les députés du Bundestag, mardi 6 mai. Le dirigeant est attendu à Paris dès ce mercredi pour y rencontrer Emmanuel Macron. Un déplacement loin d'être surprenant.
Un léger contretemps. Après le camouflet du premier tour, Friedrich Merz a été élu chancelier de l'Allemagne lors d'un deuxième vote au Bundestag, mardi 6 mai. Arrivé en tête des législatives fin février, le dirigeant conservateur a récolté la majorité absolue des suffrages lors du second tour, 325 voix sur un total de 630 députés, après l'avoir manqué d'un souffle lors du premier. L'intéressé a, dans la foulée, officiellement été investi dans ses nouvelles fonctions par le président allemand Frank-Walter Steinmeier. L'ancien rival d'Angela Merkel, déjà fragilisé par le scénario de cette journée, a désormais fort à faire à la tête de la première puissance du vieux continent avec une marge des plus limitées.
Dès le lendemain, mercredi 7 mai, Friedrich Merz doit se rendre à Paris pour s'entretenir avec Emmanuel Macron. Un déplacement prévisible et attendu. "C’est une tradition politique et diplomatique remontant à l’après-Seconde Guerre mondiale, plus précisément aux années de réconciliation franco-allemande, amorcée avec le Traité de l’Élysée signé en 1963 par le chancelier Konrad Adenauer et le président Charles de Gaulle", explique à TF1info Jeanette Süß, chercheuse au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Institut français des relations internationales (Ifri).
"Un réflexe franco-allemand profondément ancré", souligne Jeanette Süß.
Politiquement, cette tradition a ensuite été renforcée par l'action des duos emblématiques Giscard d'Estaing-Schmidt, Mitterrand-Kohl et Chirac-Schröder, dans les années 1980 et 1990.
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Et sur le plan institutionnel, elle s’inscrit, "dans la continuité du Traité d’Aix-la-Chapelle (2019), qui a approfondi la coopération franco-allemande dans plusieurs domaines". Cela n'a pas empêché certains chanceliers allemands, comme Schröder en 1998 ou Merkel en 2005, "d'effectuer leur première visite officielle à Bruxelles plutôt qu’à Paris, pour souligner leur engagement européen", rappelle l'experte. Mais la France, assure-t-elle, est toujours restée "la première destination bilatérale majeure", ce qui "témoigne d’un réflexe franco-allemand profondément ancré" dans la diplomatie allemande.

Chercheuse, Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri
De son côté, le nouveau chancelier allemand souhaite clairement démontrer, avec ce court voyage de l'autre côté du Rhin, que "l’axe franco-allemand reste prioritaire". Sa venue à Paris, dès le lendemain de sa nomination, n’est "pas une simple formalité protocolaire : il est le symbole d’une solidarité politique, historique et européenne", insiste Jeanette Süß. Et elle est d'autant plus importante qu'elle "marque le début d’un nouveau cycle politique en Allemagne", dans un contexte international très tendu et où les désaccords entre Paris et Berlin se sont succédé ces dernières années. L'entrevue entre Emmanuel Macron et Friedrich Merz, conclut Jeanette Süß, sera donc observée de près et fera figure de premier "test de cohésion au cœur d’une Europe à la croisée des chemins".
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