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Hommage à Alfred Grosser (1er février 1925-7 février 2024)

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Les réactions à l’annonce du décès d’Alfred Grosser disent mieux que tout long développement le rôle qu’il a joué pour tant de personnes. Plus qu’il est d’usage dans les nécrologies, les superlatifs se succèdent autant que les marques de respect et de gratitude, de même que des images comme la « figure de proue » évoquant sa fonction d’initiateur, de précurseur, de moteur.

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On y évoque aussi les actions apparemment simples mais décisives que sont la médiation et le dialogue. Et son rôle de passeur entre deux pays qui se sont si longtemps fait la guerre et sur lesquels il invitait à miser pour construire un présent et un avenir meilleurs, dans le sens le plus noble de la politique, comme il aimait à le souligner. « La France et l’Allemagne perdent un des plus ardents acteurs du rapprochement entre nos deux pays », a résumé l’Institut français des relations internationales (Ifri) le lendemain de sa mort. D’autres, de nombreux anonymes, l’ont qualifié d’« âme du franco-allemand », d’« infatigable passeur », « toujours prêt à échanger avec les jeunes générations qui le lui rendaient bien ». Les fondateurs du réseau Abibac (double délivrance du baccalauréat français et allemand) louent son soutien « généreux, magnifique », tous et toutes lui disent merci.
 
Car Alfred Grosser n’a pas seulement été un grand professeur pour les uns, un commentateur à la plume vive et acérée pour les autres, il a stimulé la réflexion de nombreux de ses contemporains, il a initié et accompagné l’action de celles et ceux qui ont eu le bonheur de le rencontrer et de l’écouter. Beaucoup des étudiants passés par Sciences Po pendant plusieurs décennies – et cela fait beaucoup de décideurs dans des secteurs variés – évoquent instantanément sa conférence du jeudi soir, dans l’amphi Boutmy, qui ne rapportait pas de note mais faisait fourmiller les cerveaux à l’écouter commenter l’actualité de la semaine avant de sortir de là revigoré et l’esprit alerte.
 
[..]
 
Enseignant, puis professeur à Sciences Po Paris de 1953 à 1992, il n’a cessé, même à la retraite, d’écrire, de parler, d’agiter les idées. Sur l’Allemagne, sur l’Europe, sur les relations franco-allemandes, mais aussi sur l’éthique et le sens de la foi. Car Grosser était un athée qui aimait le commerce des hommes d’Église. Il échangeait des heures durant avec des amis pères jésuites, il avait une connaissance intime des Écritures, Ancien et Nouveau testament, et cherchait le dialogue avec musulmans et juifs. Cela traverse plusieurs de ses livres parus dans les deux langues, comme Les fruits de leur arbre. Regard athée sur les chrétiens (Paris, Presses de la Renaissance, 2001 et 2005) et ses derniers, La joie et la mort. Bilan d’une vie (Paris, Presses de la Renaissance, 2011) et Le Mensch. Die Ethik der Identitäten (Bonn, Verlag Dietz, 2017). Alfred Grosser a parlé à des milliers de personnes. Il a aussi beaucoup construit, soutenant l’Office franco-allemand pour la jeunesse comme les échanges franco-allemands de professeurs, accompagnant inlassablement des structures de réflexion comme le Comité d'études des relations franco-allemandes (CERFA) à l’Ifri et en en initiant des nouvelles comme le Centre d'information et de recherche sur l'Allemagne (CIRAC) – un lieu de recherche et de publication sur les questions économiques et sociales qui a été sacrifié par le désintérêt des uns et les appétits des nouveaux nationalistes.
 
Pour ceux qui le connaissaient un peu mieux – sans savoir qu’il était un excellent joueur de tennis de table –, il reste de lui le souvenir de ses propos inspirés sur Schubert, son incroyable écoute attentive des projets et des idées des autres, et puis surtout, et jusqu’au bout, son rire toujours malicieux. Alfred Grosser était un optimiste, conscient des privilèges de sa longue vie. Il laisse deux impératifs : la gratitude et la vigilance.
 
 
Hélène Miard-Delacroix est professeure à Sorbonne Université.
 

 

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979-10-373-0832-0

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Hommage à Alfred Grosser (1er février 1925-7 février 2024)

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Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa)
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Le Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) a été créé en 1954 par un accord intergouvernemental entre la République fédérale d’Allemagne et la France, afin de mieux faire connaître l'Allemagne en France et analyser les relations franco-allemandes y compris dans leurs dimensions européennes et internationales. Dans ses conférences et séminaires, qui réunissent experts, responsables politiques, hauts décideurs et représentants de la société civile des deux pays, le Cerfa développe le débat franco-allemand et suscite les propositions politiques. Il publie régulièrement des études à travers deux collections : les « Notes du Cerfa » et les « Visions franco-allemandes ». 

Le Cerfa entretient des relations étroites avec le réseau des fondations et des think tanks allemands. En plus de ses activités de recherche et de débat, le Cerfa promeut l’émergence d’une nouvelle génération franco-allemande à travers des programmes de coopération originaux. C'est ainsi qu'en 2021-2022, le Cerfa a conduit un programme sur le multilatéralisme avec la Fondation Konrad Adenauer de Paris. Ce programme s'adresse à des jeunes professionnels des deux pays intéressés par les enjeux du multilatéralisme dans le contexte de leurs activités. Il a couvert une large gamme de thèmes relatifs au multilatéralisme, tel que le commerce international, la santé, les droits de l’homme et la migration, la non-prolifération et le désarmement. Auparavant, le Cerfa avait participé au dialogue d’avenir franco-allemand, co-piloté de 2007 à 2020 avec la Deutsche Gesellschaft für auswärtige Politik (DGAP) et soutenu par la Fondation Robert Bosch, ou encore le groupe Daniel Vernet (anciennement Groupe de réflexion franco-allemand) qui avait été fondé en 2014 à l’initiative de la Fondation Genshagen.

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