12
jan
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Thomas GOMART, cité par dans Le Monde

La guerre hybride, la guerre avant la guerre

En déclenchant et en entretenant des conflits asymétriques ou de basse intensité, dans lesquels les militaires n’ont plus le monopole, la Russie de Vladimir Poutine et la Chine de Xi Jinping ont été les premières puissances à reprendre à leur compte ce concept théorisé dès l’Antiquité.

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Histoire d’une notion. C’est la guerre avant la guerre, mais déjà la guerre dans un monde chaotique où la distinction entre guerre et paix se fait toujours plus confuse.

  • « La notion de guerre hybride aide à définir des conflits actuels qui combinent intimidation stratégique de la part d’Etats disposant d’armes de destruction massive, des opérations interarmées impliquant aussi des unités spéciales et des mercenaires, et des manœuvres de désinformation à grande échelle », écrit Thomas Gomart, le directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI), dans Guerres invisibles (Tallandier, 2021).

Le cas de l’Ukraine est emblématique, alors que Russes et Américains ont commencé à discuter à Genève du destin de cette ex-république soviétique que Moscou veut vassaliser, lui interdisant toute future adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) comme à l’Union européenne, souhaitée pourtant par l’écrasante majorité de la population.

Les stratégies hybrides mêlent des modes d’action militaires et non militaires, directs et indirects, souvent difficiles à attribuer et toujours conçus pour rester sous le seuil estimé de riposte ou de conflit ouvert.

Après le renversement à Kiev du régime prorusse sous la pression de la rue, Moscou avait annexé la Crimée au printemps 2014, avec une opération menée par des forces spéciales sans écusson – surnommées alors « les petits hommes verts » –, puis manipulé une rébellion prorusse renforcée par des militaires sans uniforme dans l’est de l’Ukraine.

La guerre hybride n’est pas nécessairement armée. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait ainsi qualifié d’« attaque hybride » l’envoi, à l’automne 2021, de milliers de migrants acheminés par le régime biélorusse depuis le Moyen-Orient vers les frontières polonaises et lituaniennes pour faire pression sur les Vingt-Sept. La désinformation, les cyberattaques, la prédation économique font aussi partie de cette nouvelle forme d’affrontement où l’on ne fait plus vraiment de différence entre les technologies civiles et les technologies militaires, entre les soldats de métier et les combattants occasionnels, et où tous les rouages de l’Etat sont mobilisés.

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guerre hybride