27
mai
2021
Espace Média L'Ifri dans les médias
Julien NOCETTI, cité par AFP pour Sud Ouest

Influenceurs approchés pour discréditer Pfizer : qui est derrière cette campagne de désinformation ?

Plusieurs YouTubeurs ont été approchés par une agence de communication avec des arguments livrés clés en main. Rapidement, les yeux se sont tournés vers la Russie.

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Payer des YouTubeurs pour dénigrer les vaccins occidentaux : une mystérieuse tentative récemment dévoilée a mis en lumière les méthodes typiques des campagnes de désinformation via les réseaux sociaux et l’importance de la « diplomatie du vaccin ».

L’argumentaire est en effet fourni clé en mains par mail, éléments de langage et liens Internet compris. On y retrouve la rhétorique typique de la désinformation : « dites que les médias mainstream ignorent cette thématique et que vous avez décidé de la partager avec vos abonnés », « présentez ce contenu comme votre opinion indépendante », « ne dites pas que c’est une vidéo sponsorisée »… L’agence fournit aussi un tableau des prétendus « morts des vaccins » dans dix pays, censé avoir « fuité » de chez AstraZeneca.

Un rapport publié peu après par la diplomatie européenne avait d’ailleurs accusé Moscou et Pékin de s’être lancés dans des campagnes de « dénigrement » des vaccins approuvés par l’UE afin de placer les leurs. Le 8 mars, Washington avait dénoncé une « désinformation » russe sur les vaccins américains.

Julien Nocetti, spécialiste de la guerre de l'information et de la Russie à l'ifri (Institut français des relations internationales), note :

Les vaccins (ont) acquis une vraie dimension géopolitique depuis l’an dernier.

Et rappelle que

dénigrer ce que font les Occidentaux est très caractéristique des Russes.

Il juge que :

Cet épisode - s’il est avéré - rentrerait bien dans ce cadre-là. Outre un coût humain et financier très modeste, l’autre avantage de ce type d’opération, c’est la difficulté à les attribuer.

Le chercheur révèle que malgré :

des indices concordants, il y aura toujours un pourcentage de doute qui fait que l’État ciblé va très rarement réagir, car vous avez potentiellement un risque d’escalade diplomatique.

Julien Nocetti note aussi :

Ce qui est peut-être plus inédit, c’est le fait de cibler des influenceurs avec l’idée que ce sont des jeunes gens qui n’ont aucun lien avec la grande politique, et donc potentiellement perméables à des campagnes d’influence.

Ce qui permettrait, à la Russie comme à d’autres, « de rendre mainstream cette guerre d’information » via des relais « grand public ».

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Mots-clés
COVID-19 Guerre de l'information France Russie