14
sep
2021
Espace Média L'Ifri dans les médias
Paul MAURICE, interviewé par Assis Moreira dans Valor Economico. Article paru en portugais.

Merkel a géré les crises, mais a peu innové, selon un analyste français

La chancelière a maintenu la prospérité, mais a réalisé peu de réformes, au niveau national et européen, selon Paul Maurice. Après 16 ans au pouvoir, la chancelière allemande Angela Merkel laisse de nombreux défis à son successeur, qui sortira des élections le 26 septembre. Mme Merkel a marqué l'histoire de l'Allemagne et de l'Europe, mais elle n'était pas une réformatrice. Elle a géré les crises, stabilisé et maintenu la prospérité de l'Allemagne. Parmi ses décisions historiques, la sortie du nucléaire et le soutien aux énergies renouvelables décidés en 2011, et l'accueil des réfugiés en 2015 - en réponse partielle à la dépendance énergétique et au vieillissement de la population. Mais Mme Merkel n'a pas su anticiper des défis de taille, tels que l'avancée du numérique selon l’analyse de Paul Maurice, chercheur au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Ifri.

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Les élections dans la plus grande puissance économique d'Europe attirent toujours l'attention, encore plus maintenant, en cette période de pandémie de Covid-19. On s'attend à des nuances dans le positionnement de l'Allemagne vis-à-vis de la Chine, de la Russie et des relations avec les États-Unis. Merkel a presque ignoré l'Amérique latine. Si les Verts entrent dans le prochain gouvernement de coalition, la tendance est que l'Allemagne durcisse la relation bilatérale avec le Brésil si le gouvernement de Jair Bolsonaro ne change pas sa politique environnementale et la déforestation.

 

Valor : Après 16 ans au pouvoir, quel héritage laisse Angela Merkel ? Comment a-t-elle transformé l'Allemagne ?

Paul Maurice : Son héritage est assez complexe. Merkel n'a pas été très entreprenante. Elle n'a pas mené de grandes politiques pour transformer le pays. Sur le plan économique et social, elle a bénéficié des réformes menées par son prédécesseur, Gerhard Schröder [social-démocrate, Chancelier entre 1998 et 2005], telles que la réforme du travail et l'agenda 2010 [un ensemble de réformes sociales et du travail entre 2003 et 2005, soutenues par l'opposition conservatrice et libérale mais critiquées pour avoir réduit la protection des travailleurs et les salaires]. Cela a permis à l'Allemagne de retrouver sa forme de compétitivité sur la scène internationale.

En politique européenne, elle n'a pas fait grand-chose. Mais ce que nous retiendrons de Merkel, c'est qu'au final elle a fait la proposition - avec Emmanuel Macron - du plan de relance européen du 18 mai 2021, et cela fera peut-être partie de son héritage, car elle a fait un virage à 180 degrés, en faisant accepter à l'Allemagne la mutualisation de la dette à l'échelle européenne, ce qui est assez nouveau [émission commune de la dette de l'UE, émise par une seule entité, le Mécanisme européen de stabilité, pour soutenir les pays les plus endettés et économiquement fragiles et partager la responsabilité du paiement de cette dette avec tous les pays membres].

Le principal héritage que Merkel laisse derrière elle est peut-être l'accueil des migrants réfugiés de 2015. D'une part, parce que c'était sa politique la plus humaniste et la plus sincère - parce qu'elle vient d'un milieu chrétien et protestant - mais aussi parce qu'elle a indirectement conduit à l'entrée de l'extrême droite au Parlement allemand. C'était la première fois depuis la fin du nazisme en 1945 que ces extrémistes étaient élus au Parlement.

 

Valor : Donc, sa principale force était de gérer les crises, d'éviter que les choses deviennent plus désastreuses ?

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>> Lire l'article original paru en portugais (Brésil) sur le site de Valor Economico (réservé aux abonnés: « Merkel geriu crises, mas inovou pouco, diz analista francês » <<

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