02
juil
2020
Espace Média L'Ifri dans les médias
Tatiana KASTOUEVA-JEAN, interviewée par Sophia Khatsenkova pour Le Parisien

Référendum en Russie : cinq minutes pour comprendre la réforme controversée de Poutine

Les Russes ont validé mercredi à 77,92 % le référendum constitutionnel qui autorise notamment Vladimir Poutine à rester au pouvoir jusqu’en 2036. L’opposition dénonce un « mensonge ».

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Les Russes ont largement approuvé à 77,92 % un bloc d'amendements constitutionnels mercredi soir permettant notamment au président Vladimir Poutine de prolonger potentiellement son mandat jusqu'en 2036, l'année de ses 84 ans.

Alors que le dirigeant au pouvoir depuis vingt ans a remercié les Russes d'avoir validé les réformes, le scrutin a été vivement critiqué par l'Occident et qualifié de « mensonge » par l'opposition.

Le Parisien fait le point sur la situation en Russie et les enjeux des futures réformes.

Qu'est-ce que ces réformes changent ?

L'amendement le plus important permet à Vladimir Poutine de se représenter pour deux mandats supplémentaires de six ans en 2024. A noter qu'il remet les compteurs à zéro pour lui mais que cela ne s'appliquera pas aux futurs présidents.

  • « Cette manipulation politique lui ouvre plusieurs options, y compris le fauteuil présidentiel. On ne sait pas ce qu'il va faire, mais il coupe court à toutes spéculations pour les prochaines élections en 2024. Il devient à nouveau le maître du jeu », analyse Tatiana Kastoueva-Jean, directrice du Centre Russie de l'Institut français des relations internationales.

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Comment s'est déroulé le référendum ?

La réforme avait été approuvée en mars 2020 par le Parlement russe et devait avoir lieu en avril de cette année. Mais il a été repoussé à cause de la pandémie de Covid-19. Afin d'éviter une trop forte affluence dans les bureaux de vote, le scrutin s'est déroulé sur une semaine jusqu'à mercredi soir. Le taux de participation avoisine les 65 %.

Mais le scrutin est qualifié de « fourre-tout » par plusieurs experts. Le vote « oui » ou « non » était un accord général, ce qui signifiait que quiconque votait pour indexer les retraites sur l'inflation, cocherait très probablement oui et, ce faisant, voterait pour l'idée de laisser Poutine rester au pouvoir jusqu'en 2036. De plus, le référendum était purement consultatif.

Pourquoi l'organiser alors qu'il n'est que consultatif ?

Les résultats du référendum sont sans surprise. La réforme avait été approuvée par le Parlement et le nouveau texte de la Constitution était déjà en vente dans les librairies ce jeudi. Alors pourquoi organiser quand même ce scrutin, en pleine épidémie ?

  • Entre mai 2018 et juin 2020, la cote de popularité de Vladimir Poutine a chuté de 79 % à 60 %, selon l'institut de sondage Levada. Or des scrutins régionaux sont prévus à l'automne de cette année et les élections législatives en 2021. « Il avait besoin de ce vote populaire car quand il y a la population derrière, ça excuse tout. Il voulait remettre ce scrutin avant l'automne et surtout avant les conséquences économiques de la pandémie Covid-19. C'est un régime qui a besoin d'une validation populaire permanente pour avancer », explique Tatiana Kastoueva-Jean.

Pourquoi les résultats du vote sont remis en question ?

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L'opposant politique Nikolay Rybakov, dirigeant du parti Yabloko, qualifie auprès du Parisien ce vote comme étant frauduleux. « Ce vote n'était pas du tout démocratique, et le danger est que les citoyens pourraient penser qu'il y a réellement une majorité en faveur de ces réformes », déplore l'opposant politique de Poutine.

Le porte-parole du chef de la diplomatie de l'Union européenne a pour sa part demandé à Moscou d'enquêter sur les différentes irrégularités signalées.

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Mots-clés
Référendum constitutionnel succession Vladimir Poutine Russie