18
déc
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Alain ANTIL, invité dans "Géopolitique" sur RFI  

Sahel et Afrique de l’Ouest: à l’heure de l’émancipation?

Au Sahel et en Afrique de l’Ouest, l’année 2022 a été agitée, entre les coups d’État à répétition, le départ de la force Barkhane du Mali, la montée du sentiment anti-français, la poussée du terrorisme jihadiste vers les États du Golfe de Guinée [...] sans oublier la controverse suscitée par la position de plusieurs pays africains par rapport à l’invasion russe de l’Ukraine... Alain Antil, directeur du Centre Afrique Subsaharienne de l’IFRI, a répondu à plusieurs interrogations sur ces sujets. 

Sur le déploiement de la force du G5 Sahel : "Cela n'a pas fonctionné parce que sur la partie sécuritaire, le grand projet c'était de mettre en place la force conjointe du G5 Sahel qui n'est quasiment pas opérationnelle. C'était de mettre en place une approche de "sécurité-développement", et on a pas réussi à bien articuler ces concepts, qui sont en en fait, des concepts publicitaires. Et le G5 Sahel qui était une bonne idée sur le fond a exclu, le Sénégal, ce qui était complètement illogique donc il y avait des tangages politiques très très fort.", explique-t-il. 

"Cela partait néanmoins d'une bonne idée, qui était de dire : finalement au lieu de faire 5 combats nationaux, pour les problèmes comme le terrorisme ou la grande criminalité transnationale, on va essayer de se réunir, on va essayer de faire un effort sur les frontières et les espaces frontaliers, en commun. Ce sont des bonnes idées mais la mise en place a été assez défaillante", ajoute Alain Antil. 

Sur les résultats recensés à l'issue du déploiement des armées africaines sur le terrain : "Alors il y a plein de raisons techniques. Mais les armées africaines ont souvent été conçues par les premiers dirigeants comme des outils pour protéger le pouvoir et non pas les territoires et les sociétés, donc c'est aussi ça le problème. Maintenant sur le Sahel, on voit qu'il y a des trajectoires différentes. Parce qu'il y a des pays qui ont réussi à mettre en place des armées qui protègent les territoires. Comme le Sénégal et la Mauritanie. Alors qu'il y a en a d'autres qui se sont complètements éffondrées pour des raisons très particulières à leurs histoires et leurs trajectoires nationales. Je pense qu'au Mali, l'armée malienne jusqu'à la fin des années 1980 était une armée plutôt réputée et efficace. Depuis elle a été atteinte par diverses réformes, la corruption aissi. Il y a quand même des officiers supérieurs qui détournent de budgets et qui participent aussi à des trafics. Il faut le dire. Donc vous envoyez des hommes combattre des djihadistes qui sont très armés, qui connaissent le terrain. Et ces hommes de troupes savent que s'ils n'ont pas assez de munitions, c'est que des budgets ont été détournés donc ça a un effet délétaire sur le corps militaires" conclue-t-il.

Mots-clés
djihadisme Sécurité Afrique subsaharienne Sahel