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Tensions à la frontière entre la Centrafrique et le Tchad: quels enjeux?

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interviewé par Charlotte Cosset pour

  RFI
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Des incidents ont éclaté à la frontière entre la Centrafrique et le Tchad ce week-end, conduisant à la mort de plusieurs soldats ainsi que des paramilitaires russes. Les spécialistes rappellent que la région est stratégique et fait l’objet de convoitises. 

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Une mine d'or en Afrique de l'Ouest
Une mine d'or en Afrique de l'Ouest
(c) CIFOR/Shutterstock.com
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La zone nord-ouest de la Centrafrique est une zone de repli de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) qui a tenté de prendre Bangui le 13 janvier dernier. Elle est plus précisément le bastion de l’une des forces qui constituent la CPC, le groupe armé 3R.  

Selon Thierry Vircoulon, le coordonnateur de l'observatoire de l'Afrique centrale et australe à l'IFRI (Institut français des relations internationales), la poussée de tension à la frontière avec le Tchad de ce week-end est intervenue dans le cadre de l'offensive des Forces armées centrafricaines (FACA) soutenues par leurs alliés russes.

Le chercheur voit dans ces incidents les conséquences de la traque des groupes armés. Ces combats sont aussi liés, selon lui, à la volonté des autorités centrafricaines de reprendre position dans ces zones stratégiques qui échappaient au contrôle gouvernemental depuis plusieurs années. 

Une note confidentielle de l’organisation Norwegian Center for Global Analyses, datée du 31 mai, envisage un autre objectif pour les FACA : prendre le contrôle des routes de transhumance de l'Ouest, aujourd’hui entre les mains des 3R qui en tirent des ressources conséquentes. Les déplacements saisonniers des éleveurs sont aussi des sources de recrutement par les groupes armés. Dans les scénarios de cette ONG, il s’agirait sur un temps plus long de reprendre également le contrôle de la région de Bambari et du corridor central de transhumance. Ceci dépendra « de l’intérêt et de la volonté du groupe Wagner et du Rwanda à déployer un plus grand nombre de troupes », analyse encore le document.

Le contrôle des mines d’or 

Troisième objectif envisagé par les analystes, le contrôle des mines d’or du nord-ouest de la Centrafrique. Ces mines étaient occupées jusqu'à très récemment par les groupes armés, leur assurant des revenus importants pour leur fonctionnement. Selon la note confidentielle consultée par RFI, la volonté des FACA et de leurs alliés est de « prendre le contrôle de la zone riche en or, perturber la chaîne de revenus de ces groupes et leur capacité à recruter ». L’analyse produite dans ce document va plus loin : « Pour les gouvernements rwandais et centrafricain, ainsi que le groupe Wagner, cet engagement offre un accès important pour le blanchiment d’or via la nouvelle raffinerie d’or rwandaise d’Aldango. »

En 2019, le gouvernement centrafricain avait rendu public de nombreux contrats miniers, tenus jusqu’à cette note confidentielle. Plusieurs apparaissaient au nom de l'entreprise russe Lobaye Invest, soulignant l'intérêt grandissant des intérêts d’entreprises russes dans ce domaine. 

Des enjeux géostratégiques

La note consultée par RFI analyse cette poussée de tension à la frontière centrafricaine avec un prisme plus large. Selon le Norwegian Center for Global Analyses, il pourrait s’agir d’une manière de « réduire l’influence tchadienne, de défier le nouveau gouvernement tchadien et l’influence française dans la région ». Et ceci « à moindre coût » alors que la Russie renforce, elle, sa position en Centrafrique. 

> Retrouvez l'entretien en entier sur RFI.

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Thierry VIRCOULON

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Chercheur associé, Centre Afrique subsaharienne de l'Ifri

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