03
aoû
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Olivier APPERT, dans une tribune pour les Échos

Transition énergétique : à la recherche de l'Allemagne perdue

Depuis l'arrivée d'Olaf Scholz, le gouvernement allemand tente d'accélérer le verdissement de son mix énergétique. Mais depuis quelques années, la politique climatique du pays semble avancer à l'aveugle en se fixant des objectifs irréalistes en dehors d'une réelle concertation européenne, analysent Olivier Appert, Etienne Beeker et Jean Syrota.

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L'échec de la transition énergétique allemande est patent. Que la moitié de l'électricité soit produite par des ENR est certes un succès, mais la consommation totale d'énergie primaire repose encore à 80 % sur les énergies fossiles. L'explosion des prix de l'énergie et de nombreuses matières premières en font un problème social majeur et une menace vitale pour l'industrie.

La sécurité d'approvisionnement est fragilisée sous le double effet de la dépendance au gaz russe et de la présence massive d'électricité intermittente alors que les solutions de flexibilité restent embryonnaires. Géopolitiquement, alors que le « Wandel durch Handel » (le changement par le commerce) cher à Angela Merkel, était censée favoriser la démocratie et la paix, la guerre est réapparue sur le sol européen.

Mix électrique irréaliste

Malgré cela, l'Allemagne persiste et s'est fixé l'objectif irréaliste d'un mix électrique composé de 100% d'énergies renouvelables avant 2035. Pour ce faire, elle veut tripler ses parcs solaires et éoliens avant 2030. Elle maintient la fin de la vente des véhicules thermiques en 2035, semblant ignorer les profondes inquiétudes des industriels et les nouvelles dépendances qui se créent : les panneaux et batteries sont fournis à une écrasante majorité par la Chine et l'industrie éolienne allemande est exposée à une violente concurrence asiatique.

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La France suiveuse de l'Allemagne

La politique énergétique de la France suit celle de l'Allemagne depuis au moins 2008, année du paquet énergie-climat, adopté sous son influence et fixant des objectifs indépendants du niveau de décarbonation des Etats membres (20 % de CO2 en moins en 2020). Ainsi chaque Allemand a l'autorisation de continuer à émettre deux fois plus de CO2 qu'un Français. Cela n'empêche pas certains de répéter à l'envi que la France est en retard dans le développement des ENR alors même que les deux pays en comportent des proportions comparables.

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Relation germano-russe

Côté gaz, les projets Nord Stream de gazoducs ont été décidés en l'absence de toute concertation européenne. La trop grande confiance dans la relation germano-russe a amené Angela Merkel à décliner avec constance et détermination les incitations américaines à construire des terminaux pour gaz naturel liquéfié permettant de diversifier les approvisionnements. Aujourd'hui, l'Europe entière connaît sa pire crise énergétique d'après-guerre, mais c'est toujours en cavalier seul que les dirigeants allemands parcourent le monde à la recherche de nouveaux fournisseurs de gaz.

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> à lire en intégralité dans les Échos