Un « médiateur neutre » : quel rôle a joué l'Allemagne dans la libération de l'écrivain Boualem Sansal ?
L'Algérie a annoncé, ce mercredi 12 novembre, gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal qu'elle avait fait prisonnier l'an passé. Une négociation permise par l'intermédiaire de l'Allemagne, pour contourner les tensions entre Paris et Alger.
Ce sont des remerciements qui s'enchaînent depuis mercredi soir. Depuis l'annonce de la grâce de Boualem Sansal par l'Algérie, à la suite d'une demande de la présidence allemande, la France ne cesse de remercier... L'Allemagne. Si l'écrivain de 81 ans, âgé d'un cancer, a pu quitter le territoire algérien, c'est grâce à une demande formulée par le président allemand Frank-Walter Steinmeier, à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Pour des raisons de santé et des "motifs humanitaires", la présidence allemande a appelé l'Algérie à permettre à l'écrivain d'être soigné en Allemagne, où il est arrivé mercredi en fin de soirée.
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L'Allemagne, ce « médiateur neutre »
Paul Maurice, secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Institut français des relations internationales, estime auprès de BFMTV qu'« une demande a probablement été formulée par la France » auprès de l'Allemagne, afin de faciliter les échanges et d'aboutir à la libération de Boualem Sansal.
Une stratégie visant, selon lui, à « détourner le regard » de l'Algérie, sur la base d'une coopération européenne, vers un pays avec qui elle entretient de bonnes relations depuis plusieurs années. L'objectif premier étant de faire peu à peu sortir la France de l'équation.
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« L'Allemagne est une puissance proche de la France et qui a tout intérêt à aider son partenaire en intervenant activement dans les discussions avec l'Algérie. L'Allemagne est fiable pour la diplomatie française en tant que médiateur neutre et a ici joué un rôle central », analyse Paul Maurice.
Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri
Pour le chercheur, l'Algérie s'est peut-être également montrée davantage coopérative sur l'épineux dossier de l'écrivain malade « parce qu'elle sait que cela aurait été mauvais pour elle d'annoncer la mort de Boualem Sansal en détention ». Dans « sa spirale d'auto-conviction », l'Algérie aurait pu perdre définitivement ses partenariats extérieurs pour se retrouver à la marge de tout soutien futur. « Cela aurait mis le feu aux poudres, c'est une certitude », conclut Paul Maurice.
>> Lire l'article sur le site de BFMTV
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