Souveraineté et défense européenne au menu du dîner entre Macron et Merz, ce mercredi à Berlin
Mercredi 23 juillet 2025 a lieu la deuxième rencontre officielle entre le président français et le chancelier allemand depuis l’arrivée au pouvoir de ce dernier. Il a exprimé son inquiétude face à l’extrême droite pour les élections de 2027.

Le chancelier allemand Friedrich Merz et le président français Emmanuel Macron doivent se rencontrer pour la deuxième fois mercredi 23 juillet 2025. Ce déplacement du président à Berlin doit « préparer la réunion du Conseil des ministres franco-allemands (CMFA), qui aura lieu à la fin du mois d’août », a annoncé l’Elysée mardi. Emmanuel Macron continuera sur la lancée de la feuille de route franco-allemande définie le 7 mai. Les deux hommes doivent échanger autour de la compétitivité, la sécurité et la défense européennes ainsi que la poursuite des réformes économiques et sociales menées actuellement par les deux pays.
Dès le lendemain de sa prise de pouvoir, le 6 mai 2025, le nouveau chancelier allemand avait rendu visite à Emmanuel Macron à l’Élysée. Ils avaient rétabli le « couple franco-allemand » et réaffirmé « les priorités communes des deux États » indique dans une déclaration conjointe, a rappelé l’Élysée. « Nous voulons répondre ensemble aux défis que l’Europe affronte. Nous voulons agir sur les sujets prioritaires à nos yeux, la souveraineté, la sécurité, la compétitivité » avait alors annoncé le président français.
- Si la relation franco-allemande s’inscrit dans une continuité amicale depuis plus de soixante ans, « chaque chancelier allemand marque son empreinte », nuance Paul Maurice, secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Institut français de relations internationales (Ifri).
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Depuis l’arrivée de Friedrich Merz au pouvoir, les rapports entre Paris et Berlin adoptent une nouvelle dynamique. Le nouveau chancelier conservateur a, d’après Paul Maurice, « un réflexe franco-allemand plus important que celui d’Olaf Scholz », son prédécesseur du SPD (social-démocrate). Héritier de Konrad Adenauer et d’Helmut Kohl, Friedrich Merz a une « relation très forte à la France » et a la « volonté de renforcer le noyau franco-allemand », continue le spécialiste.

Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri
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La semaine dernière, lors d’une conférence de presse, il a annoncé regarder « avec une certaine inquiétude » l’élection présidentielle en France prévue dans deux ans, et notamment la victoire potentielle du Rassemblement national. Le parti d’extrême droite est connu pour ses positions contre l’Allemagne et la relation franco-allemande. Cette « crainte d’une victoire des populistes » se généralise et se retrouve « un peu partout en Europe », à l’instar de la Pologne, explique Paul Maurice.
Construire une Europe plus souveraine
La relation entre la France et l’Allemagne s’articule historiquement autour de plusieurs points de convergence et de divergence. Les deux nations convergent sur les questions de défense et de compétitivité européenne.
- Nous sommes dans « un moment important d’urgence franco-allemande, pour pousser l’Europe dans une direction plus souveraine et plus autonome, étant donné la menace qui pèse aux frontières de l’Europe, en Ukraine, avec la guerre menée par la Russie et, d’autre part, le changement d’administration aux États-Unis et Donald Trump qui se montre très agressif vis-à-vis de l’Europe », explique Paul Maurice.
- Elles ont « la volonté de travailler sur la convergence stratégique sur la question de l’autonomie vis-à-vis des États-Unis et de leur retrait progressif de l’Europe, symboliquement ou factuellement, et de leur faible implication au sein de l’Otan ».
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Paris et Berlin s’engagent ensemble autour de la « compétitivité du modèle européen économique et industriel », notamment face aux États-Unis et à la politique isolationniste de Donald Trump et face à la Chine, « qui profite de ce moment de flottement des États-Unis pour essayer de se repositionner dans un commerce mondial perturbé », développe le spécialiste.

Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri
Divergences sur la défense, l’énergie et le Mercosur
L’Élysée et le Reichstag ont toujours divergé autour de trois questions, poursuit Paul Maurice. La production énergétique constitue toujours un sujet de tensions. L’Allemagne est devenue récalcitrante au nucléaire, toujours bien aimé en France. L’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur fait également débat. S’il est bienvenu dans l’Allemagne industrielle, c’est au détriment de la France agricole.
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- Pour Paul Maurice, ces différences ne sont toutefois pas des obstacles à l’entente franco-allemande. Dans le contexte actuel, Macron et Merz doivent « appréhender tous les sujets, même ceux qui posent problème, de manière cohérente, rationnelle et efficace pour tout le monde ».
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