Quelle politique étrangère pour l’Allemagne après la fin de l’ère Merkel ?

On ne peut pas ne pas s’interroger sur la politique étrangère à venir de l’Allemagne si on prend en considération à la fois le poids de la République fédérale et les nombreuses crises auxquelles nous sommes confrontées à l’échelle internationale.

Le nouveau gouvernement allemand va bien sûr s’inspirer de l’héritage de 16 années Merkel, même s’il devra aussi, le moment venu, faire apparaître ses différences par rapport à l’équipe précédente. Le bilan des années Merkel est mitigé. L’Allemagne a su contribuer à la gestion des crises politiques et diplomatiques des années précédentes, mais elle fut largement absente des règlements de conflit par les armes, mettant en avant une culture de la retenue de moins en moins acceptée par ses partenaires. Parallèlement, elle a également su faire cavalier seul à maintes reprises lorsqu’il s’agissait de défendre ses intérêts économiques, énergétiques et commerciaux. Le contrat de coalition qui ne consacre qu’une faible part aux questions internationales ne laisse pas apparaître une volonté de changement manifeste et s’inscrit au contraire dans la continuité. Sauf peut-être pour la défense des droits de l’homme qui pourrait être une des priorités des Verts, en charge de deux ministères clé pour la politique internationale de l’Allemagne, les affaires étrangères et l’économie.
Hans Stark est professeur à Sorbonne Université et conseiller pour les relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri.
Cet article est paru dans la revue Allemagne d'aujourd'hui, n° 238, octobre-décembre 2021 (pages 64 à 73), intitulé "Les élections fédérales du 26 septembre 2021. Bilan et perspectives. Les partis dans les élections", co-dirigé par Etienne Dubslaff, Paul Maurice, Hans Stark et Jérôme Vaillant.
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