États-Unis : de la violence en politique
Considéré comme une victime de la guerre politique menée par la gauche radicale ou du climat violent nourri par la rhétorique MAGA, l'assassinat ce mercredi de l’influenceur trumpiste Charlie Kirk a été immédiatement politisé. Comment comprendre l'escalade de la violence politique aux Etats-Unis ?

Avec :
- Laurence Nardon, responsable du programme Amériques à l'Ifri (Institut Français des Relations Internationales).
- Maya Kandel, historienne.
- Lauric Henneton, maître de conférences à l’université de Versailles - Saint-Quentin-en-Yvelines
- Corentin Sellin, spécialiste des Etats-Unis, professeur d'histoire en classes préparatoires au Lycée Carnot à Dijon, chroniqueur pour Les Jours.
Mercredi dernier, une seule balle, tirée dans le cou, a abattu Charlie Kirk, 31 ans, influenceur, podcasteur et activiste. Il est tombé en martyr du trumpisme sur un campus universitaire de l’Utah. « Martyr » : c'est le terme employé par le président des États-Unis, qui fit aussitôt son eulogie dans une allocution solennelle à la télévision. Sans attendre davantage, il a incriminé la gauche radicale woke, mouvance dans laquelle il range volontiers l’ensemble de ses ennemis. L’auteur présumé de l’attentat a été interpellé hier. Il s’agit d’un homme de 22 ans au profil ambigu, qui ne serait pas un militant d’extrême gauche. On n’en sait guère plus, mais déjà Donald Trump réclame la peine de mort.
Charlie Kirk, charismatique et talentueux, était l’un des champions de ce nationalisme chrétien qui constitue le ciment de la galaxie trumpiste. Icône d’une jeune génération, il avait su la rallier à sa vision extrême d’une reconquête conservatrice du pays.
Dans un climat politique et culturel hystérisé par les réseaux sociaux – et par l’usage qu’en fait le président lui-même – cette tragédie enflamme les passions contraires. Le monde MAGA crie vengeance, certains de ses adversaires applaudissent, tandis que la Maison Blanche refuse d’appeler à l’unité nationale. « C’est la guerre », proclament déjà les idéologues les plus enfiévrés.
Au nom d’une Constitution qui garantit le respect sans freins de la liberté d’expression comme le droit de porter des armes, les Etats-Unis ne cessent de prolonger leur histoire ensanglantée. Quelles sont les racines d’une telle tradition de violence politique ? Et quel pourrait être l’impact de ce nouveau drame, au moment où les fractures se creusent au sein d’une société politiquement, culturellement et socialement divisée comme jamais ?
Los Angeles, Washington, bientôt Memphis et Chicago : sous couvert de lutter contre la criminalité et l’immigration illégale, Donald Trump déploie la garde nationale et l’armée dans les grandes villes démocrates. C'est une manière pour lui d’entrer en campagne, à un an des élections de mi-mandat. L’assassinat de Charlie Kirk va-t-il durcir encore la confrontation idéologique, celle qui prend le pas désormais sur la politique, qui transforme sous nos yeux les Etats-Unis et menace, par contagion, nos propres sociétés ?
> Écouter le podcast sur le site de Radio France.
Laurence Nardon a publié Géopolitique de la puissance américaine aux PUF en août 2024. Elle analyse chaque mercredi les enjeux de la politique américaine dans le podcast « New Deal », produit en partenariat avec Slate.fr et la lettre d’information Time to Sign Off (TTSO).
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