19
mar
2021
Espace Média L'Ifri dans les médias
Marc JULIENNE, interrogé par Sébastien Seibt pour France 24.

Pékin montre les crocs aux Américains pour défendre les intérêts chinois

Les Chinois se sont montrés très agressifs à l’égard des États-Unis lors du premier jour, jeudi, du sommet sino-américain en Alaska. Une posture qui reflète leur volonté de jouer sur un pied d’égalité avec Washington. Mais l’empire du Milieu en a-t-il vraiment les moyens ?

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Washington serait "condescendant", ferait bien de "régler ses profonds problèmes" internes avant de donner des leçons aux autres et aurait utilisé sa puissance militaire et financière pour "réprimer des pays" et en "inciter" d’autres à attaquer la Chine.

Yang Jiechi, le diplomate en chef chinois, n’a pas mâché ses mots au premier jour du sommet sino-américain en Alaska, jeudi 18 mars. Un ton agressif qui aurait pris Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, de court, croit savoir le New York Times.

Les loups soldats sortent les griffes

Pourtant, le camp américain avait sorti les griffes le premier en assurant vouloir demander des comptes à Pékin sur Hong Kong, Taïwan et la situation de la minorité musulmane des Ouïghours dans le Xinjiang. "C’était une manière d’indiquer que l’administration Biden ne se contentera pas d’une confrontation économique comme c’était le cas avec Donald Trump, mais compte aussi engager un rapport de force politique", affirme Marc Julienne, responsable des activités Chine à l’Institut français des relations internationales (Ifri), contacté par France 24.

 

Les délégations américaines devaient s’attendre à une réaction, "mais l’approche maximaliste adoptée par le chef de la diplomatie chinoise était probablement plus véhémente que ce qui était prévu", estime Andrew Small, expert des relations sino-américaines au German Marshall Fund of the United States, un think tank allemand spécialisé dans les relations internationales, contacté par France 24.

C’est en effet "la première fois que la Chine a appliqué ce qu’on est venu à appeler la diplomatie des loups soldats à un tel niveau de négociation", reconnaît Marc Julienne. Ce concept désigne l’attitude menaçante et agressive adoptée par la jeune garde diplomatique du président chinois Xi Jinping.

Mais cette meute ne dévoilait jusqu’à présent ses crocs que sur Twitter, dans des communiqués de presse ou au niveau des ambassades. Pas dans des occasions aussi importantes que la première rencontre "en présentiel" entre la Chine et les représentants d’une toute nouvelle administration américaine.

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Des sanctions européennes à venir

C’est comme une partie de poker, estime Marc Julienne, le spécialiste de l’Ifri. Les États-Unis ont fait la première mise en faisant la tournée des alliés historiques et en abordant des sujets politiquement sensibles comme Hong Kong ou les Ouïghours, et les Chinois ont décidé de "surenchérir dans l’escalade verbale", précise-t-il.

Un jeu qui peut s'avérer dangereux pour Pékin. Si, après le sommet en Alaska, Washington décide de continuer à faire monter les enchères, il faudra bien que la Chine finisse par dévoiler son jeu. Elle est, certes, un géant économique de premier plan capable de tenir tête à Washington dans une guerre commerciale. Mais pour le reste, elle reste "une puissance incomplète comparée aux États-Unis", affirme Marc Julienne. Elle n’a pas encore le réseau d’alliances dont dispose Washington et "son armée n’a pas, technologiquement parlant, la capacité de projection des États-Unis", conclut le chercheur de l’Ifri.

 

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