20
mar
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Julien NOCETTI, cité par Claudia Cohen et Chloé Woitier pour Le Figaro

Ukraine: les influenceurs, petits soldats de la guerre informationnelle

Washington comme Moscou comptent sur ces relais d’opinion. Un défi pour les réseaux sociaux.

figaro_international.png

Sous les coups de 14 heures, jeudi 10 mars, Joe Biden entame son après-midi par une réunion de premier plan autour de la guerre en Ukraine. Depuis la Maison-Blanche, le président américain, entouré de ses équipes, se retrouve sur Zoom face à une trentaine d’influenceurs TikTok, âgés pour la plupart d’à peine 25 ans. Au quinzième jour de l’invasion du pays par la Russie, l’Administration démocrate veut s’assurer que ces créateurs de contenus décrypteront, sans fausse note, le conflit pour leurs centaines de milliers d’abonnés. La visioconférence à peine terminée, la magie commence à opérer. Sur le réseau social, l’influenceuse Victoria Hammet (suivi par 750.000 personnes) raconte pourquoi la mise en place de l’interdiction de survol de l’Ukraine peut faire «dégénérer le conflit». Puis, elle lance le hashtag #StopVladimirPoutine. Au même moment, l’influenceur Khalil Green rappelle à ses 534.000 abonnés «la nécessité de soutenir les actions de l’Otan».

[...]

Outre-Atlantique, le soutien des influenceurs envers l’Ukraine s’affiche essentiellement comme une défense du «monde libre» face à «l’agresseur russe», analyse le cabinet Backbone Consulting. Une rhétorique américaine qui reprend certains codes de la guerre froide. 

«On assiste à un retour en force de l’adversaire russe, après des années concentrées sur l’ennemi chinois», décrypte Julien Nocetti, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales.

 
À plus de 7000 kilomètres de Washington, Vladimir Poutine organise depuis Moscou son armée de communicants pour rallier la génération Z à sa cause. Fin février, les autorités ont lancé une chaîne Telegram pour organiser une vaste campagne de communication avec de célèbres influenceurs, révélait le site américain Vice. Contre rémunération, des dizaines de tiktokeurs, comme les influenceuses beauté @l_kosmosstars (783.900 abonnés), @tvoya_malyshka001_ (1,8 million d’abonnés) ou l’humoriste @fentazi90 (1,2 million), ont diffusé une vidéo d’eux sur le réseau social, relayant la propagande du Kremlin. Du verbatim à l’émoji, en passant par un hashtag officiel prônant la «paix», rien ne fut laissé au hasard. Tandis que les comptes officiels des ambassades russes relayent avec agressivité les thèses autour de la «dénazification de l’Ukraine», les jeunes influenceurs s’appuient, eux, sur des récits plus modérés.
 
 «La stratégie du Kremlin consiste à répandre une vingtaine de récits différents, au ton plus ou moins modéré. Il choisit le type d’émetteur qui correspond le mieux à chacune des versions», abonde Julien Nocetti.
 
 
> L'article en intégralité sur Le Figaro
 
 
Mots-clés
information Médias Réseaux sociaux Russie Ukraine