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Menace russe : Poutine s’attaquera-t-il au reste de l’Europe après l’Ukraine ?

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cité par Marc SEMO dans

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De la Baltique à la mer Noire, le Vieux Continent pourrait faire les frais d’un accord de paix avantageux pour Vladimir Poutine en Ukraine. Entre guerre hybride et attaques directes, la menace s’intensifie et la riposte des alliés se précise. Mais sans réussir l’union sacrée.

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Malgré les piè­tres performances de son armée sur le terrain, la menace de la Russie de Poutine sur l’Europe subsistera, même après un éventuel cessez-le-feu en Ukraine. Un succès du Kremlin, comme la reconnaissance de jure de sa souveraineté sur la Crimée, ne pourrait que l’amplifier. « Enlisée militairement, la Russie obtiendrait un cadeau stratégique inespéré de l’administration Trump : le trophée criméen et une victoire idéologique », pointe Thomas Gomart, directeur de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

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Du mépris pour les Européens

« Cela va dans le sens du narratif russe, qui a été assimilé par le 47e président américain », relève Thomas Gomart. Le bref entretien à Rome en marge des funérailles du pape François entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky lave certes l’humiliation du bureau ovale. Mais la stratégie trumpienne consiste toujours à rechercher avant tout un accord global avec Moscou. De fait, le plan de paix américain est presque entièrement en défaveur de l’Ukraine. En plus d’entériner la conquête de la Crimée, il acte l’occupation par les forces russes de 20 % du territoire. Et interdit toute future intégration du pays à l’Otan sans prévoir de véritables garanties de sécurité. Sans surprise, les autorités de Kiev l’ont refusé.

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En Roumanie, les partisans du nationaliste Georgescu ne désarment pas

Malgré le sursaut commun affiché face à la menace russe, l’unité de l’Europe est donc fragile, et Vladimir Poutine mise à plein sur son pouvoir d’intimidation. « L’arme principale du Kremlin, renouant avec la tradition soviétique, est de montrer aux Européens que le soldat russe est une denrée illimitée. Et qu’il est prêt à y recourir pour conquérir des arpents à l’est de l’Ukraine » explique Thomas Gomart.

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Dans ce dispositif, le soutien des Américains reste néanmoins nécessaire, aussi bien pour le renseignement que pour la logistique et la dissuasion vis-à-vis de Moscou. D’où les efforts de Paris et Londres pour les garder à bord. Mais il s’agit aussi de se préparer à une sécurité européenne avec moins d’Amérique, voire sans Amérique. Cette problématique sera au cœur du prochain sommet de l’Otan fin juin à Bruxelles.

L’Alliance atlantique, qui célébrait l’an dernier son 75e anniversaire avec la satisfaction d’avoir retrouvé toute sa raison d’être, s’interroge à nouveau sur son avenir. « Le doute sur la crédibilité de l’article 5 a été instillé par Donald Trump. Les mythes s’effondrent le jour où la majorité cesse d’y croire. Pour Poutine, c’est du pain béni, analyse Thomas Gomart. Reste un élément d’incertitude : l’attitude de la France et du Royaume uni, les deux puissances nucléaires, et leur capacité à s’organiser, sur le plan industriel, avec l’Allemagne et la Pologne. » Un quatuor qui ne devra pas perdre de vue le double objectif du Kremlin : casser le lien transatlantique et décrédibiliser toute organisation des Européens par eux-mêmes.

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Marc SEMO

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Thomas GOMART

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