Allemagne : Erdogan, candidat aux élections européennes
L'Alliance démocratique pour la diversité et l'éveil (Demokratische Allianz für Vielfalt und Aufbruch), ou Dava, vient de voir le jour en Allemagne. Le jeune parti politique présente quatre candidats, qui ont tous déjà fait campagne pour Erdogan ou pour ses organisations de soutien.
Vous avez beau claquer la porte, il rentrera toujours par la fenêtre. Alors que l’Union européenne se prépare à accueillir de nouveaux membres dans un avenir plus ou moins proche, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, éternelle candidate, n’est toujours pas au programme des festivités. Qu’à cela ne tienne, le « sultan des temps modernes » a toujours une solution : cette fois-ci, créer un nouveau parti affilié à son Parti de la justice et du développement (AKP). L’Alliance démocratique pour la diversité et l’éveil (Demokratische Allianz für Vielfalt und Aufbruch), ou Dava, vient en effet de voir le jour en Allemagne et présente quatre candidats, qui ont tous déjà fait campagne pour Erdogan ou pour ses organisations de soutien.
L’objectif ?
« Officiellement, ils disent vouloir que les personnes d’origine étrangère, principalement les musulmans, obtiennent pleinement leurs droits et que la politique d’immigration soit moins restrictive », détaille à Charlie Jeanette Süß, chercheuse au Comité d’études des relations franco-allemandes.
Quel rapport ? me direz-vous. Il se trouve que l’Allemagne accueille la plus grande communauté turque d’Europe, avec un peu moins de 3 millions de personnes présentes sur son sol, dont la moitié ne possède pas le passeport de leur pays de résidence. Une situation qu’on pouvait notamment expliquer par l’impossibilité de conserver la nationalité turque une fois naturalisé allemand.
Mais c’est désormais terminé, et ces futurs citoyens allemands constituent un réservoir de voix important pour Dava, même si cela n’est pas pour demain.
« Une organisation turque a fait paraître des prévisions, et elle estime qu’il devrait y avoir 50 000 demandes de naturalisation de la part de cette communauté par an, ça prendra donc beaucoup de temps », tempère Jeanette Süß.
Impossible, donc, de ne compter que sur le vote germano-turc pour Dava, qui prévoit de s’ouvrir aux groupes de migrants syriens, iraniens, et globalement à tous leurs coreligionnaires présents sur le territoire, afin de porter la voix des musulmans d’Europe.
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> Cet article est publié dans Charlie hebdo du 7 février 2024
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Auteurs
Jeanette SÜẞ
Chercheuse, Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri
