24
mai
2019
Espace Média L'Ifri dans les médias
John SEAMAN, cité par Hayat Gazzane dans Le Figaro

Guerre commerciale: Trump veut inclure Huawei dans les négociations

Le président américain estime que le géant des télécoms chinois est « très dangereux ». D’où son intention d’en faire un élément clé de l’accord qu’il tente de négocier en ce moment avec la Chine.

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Huawei est devenu malgré lui l’une des clés du conflit commercial qui oppose les États-Unis et la Chine. Hier, Donald Trump a clairement fait comprendre que le géant chinois des télécoms devra faire partie de l’accord négocié en ce moment avec la deuxième économie mondiale. Pour lui, Huawei est en effet « très dangereux » et son fonctionnement devra être revu dans le cadre de cet accord. « Regardez ce qu’ils ont fait d’un point de vue de la sécurité, d’un point de vue militaire (…) Nous sommes très inquiets (du risque que présente) Huawei du point de vue de la sécurité », a-t-il lancé à la presse. « Si on a un accord, je vois bien Huawei inclus d’une manière ou d’une autre ».

C’est la première fois que Donald Trump mêle officiellement les deux dossiers. Jusqu’ici, Huawei semblait être une affaire parallèle, liée aux questions de sécurité. D’où les nombreuses mesures prises à son encontre depuis plus d’un an: blocage des ventes de ses équipements télécoms aux opérateurs américains, arrestation de la directrice financière, ouverture d’une enquête pénale et plus récemment, interdiction aux entreprises américaines de lui vendre des équipements technologiques… À aucun moment il n’a été question de l’inclure dans le cadre de l’accord censé mettre fin à la guerre commerciale. Mais avec les temps, le numéro deux mondial des smartphones est devenu un moyen de pression, utilisé pour faire plier la Chine dans les négociations.

Un « harcèlement économique »

Pour de nombreux économistes, il s’agit là d’un tournant majeur dans le conflit commercial qui oppose les deux pays, pour ne pas dire un point de non-retour. « Donald Trump s’attaque à Huawei et aux télécoms, alors qu’il sait que le but de la Chine est de mieux maîtriser toute la chaîne de valeur des nouvelles industries stratégiques », décrypte John Seaman, chercheur à l’Ifri. Pékin a d’ailleurs adressé une « protestation solennelle » à Washington à propos du traitement infligé à son fleuron national. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a dénoncé un « harcèlement économique » destiné à « entraver le processus de développement » de son pays. La Chine exige que les États-Unis fassent preuve de « sincérité » avant de relancer les négociations commerciales bilatérales.

« Alors que les discussions étaient concentrées sur le plan commercial, les problèmes de cybersécurité qui affleuraient dans les discussions jusqu’à présent, commencent à prendre une place prépondérante. Ces négociations peuvent devenir extrêmement difficiles à résoudre », estime Stéphane Déo, de La Banque Postale AM. « Le président Trump semble avoir conclu qu’il est préférable de maintenir une ligne dure à l’égard de la Chine plutôt que de conclure un accord rapide et étroit », notent également les économistes de Nomura. « Beaucoup de gens ont eu dès le départ une mauvaise lecture des intentions de Donald Trump. Tous croyaient que la seule chose qu’il cherchait était une réduction du déficit commercial. Sauf que lui réclame des changements structurels du modèle économique chinois. En face, la Chine adopte une posture défensive. Et pour cause, si elle accepte, cela sera vu comme une capitulation », conclut John Seaman.

 

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