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fév
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Vladimir Poutine, Moscou - mars 2022
Dimitri MINIC, cité par Florent Vaire dans Les Echos Start

Guerre en Ukraine : l'article pour tout comprendre sur le véritable objectif de Poutine

La Russie pensait prendre Kiev en 72 heures mais un an après, son armée patine. Alors que Vladimir Poutine enchaîne les pertes militaires qui pourraient fragiliser son régime, pourquoi persévère-t-il ? Quel est le but ultime derrière sa guerre en Ukraine ? Nous avons interrogé Carole Grimaud et Dimitri Minic, experts en géopolitique, ainsi que Pierre Servent, historien et spécialiste des questions militaires, pour comprendre et tenter de prédire la suite.

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Voilà un an que les soldats russes ont envahi l'Ukraine, prenant de court une bonne partie de l'Occident. Dans la précipitation, spécialistes et médias (Les Echos START compris) ont tenté, avec le peu d'informations disponibles, d'expliquer cette agression militaire qui ramenait l'Europe dans une époque guerrière qu'on croyait révolue.

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Faisons un tout petit peu d'histoire. La Russie est née à Moscou en 1300. Dès 1533, un empire russe se développe tout autour de la ville sous l'égide d'Ivan le Terrible. Au XVIIe et au XVIIIe siècle, l'empire russe s'étend considérablement et en 1914, il est déjà peu ou prou dans les frontières de l'Union soviétique avant qu'elle ne s'effondre en 1991. Vladimir Poutine poursuit alors le but de reconstruire cet immense empire.

« Le problème, c'est que la Russie d'aujourd'hui s'appuie sur des arguments pseudo-historiques pour justifier l'idée que les anciennes colonies de l'empire russe, dont l'Ukraine, font partie des intérêts nationaux ou vitaux du pays », analyse Dimitri Minic, chercheur au centre Russie et Nouveaux Etats Indépendants de l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Se protéger de l'Occident

Mais ce spécialiste identifie une autre raison. Poutine verrait l'Occident comme congénitalement hostile à la Russie. Son pays n'aurait d'autre choix que de s'y opposer, et même le dominer, voire le régénérer. Le président russe en veut pour preuve l'avancée de l'Otan à ses frontières, avec l'adhésion en 2002 de trois anciennes républiques soviétiques : l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie.

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Depuis 1991 et l'effondrement de l'URSS, le monde a vu le modèle libéral et démocratique de l'Occident triompher. Depuis cette date, le pouvoir russe cherche inexorablement à laver cet affront. Ce n'est que dans les années 2000, avec le redressement de l'économie russe, que le pays se regonfle d'orgueil. Poutine se fixe alors l'objectif de redevenir un pilier de l'ordre mondial, avec son modèle et ses valeurs à défendre.

« Le fait que Moscou ait brutalement agressé deux de ses anciennes provinces, la Géorgie (2008) et l'Ukraine (2014 et 2022) n'est pas fortuit, pointe Dimitri Minic de l'Ifri. Ces deux pays ont choisi non seulement de s'arrimer à l'Union européenne et à l'Otan, mais d'adopter des valeurs et un style de gouvernement démocratique et de société typiquement occidentaux. »

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Les trois experts répondent à l'unisson que Poutine vise toujours l'élimination de l'Ukraine en tant qu'Etat indépendant démocratique et perméable à l'influence occidentale, pour le greffer à la Fédération de Russie. Seulement voilà, les contre-attaques de l'Ukraine à Kiev, Kharkiv et Kherson ont forcé le Kremlin à adapter ses objectifs au rapport de force réel.
« C'est pourquoi il s'est précipité d'annexer les territoires sous son contrôle et s'est concentré sur la capture du Donbass », analyse Dimitri Minic de l'Ifri.
 
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« Si la Russie perd cette guerre, il y a une chance pour que ce pays choisisse de se réformer et de penser davantage à son développement économique et social qu'à sa grandeur. La Russie sera d'ailleurs une plus grande puissance quand elle cessera de sacrifier sa puissance réelle et potentielle sur l'autel de sa grandeur »,
conclut Dimitri Minic de l'Ifri.
 
 
> Lire l'artice dans Les Echos Start
 
 
 
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