24
fév
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Dimitri MINIC, cité par Tom Hollmann dans le Huffington Post

Guerre en Ukraine : une fin pacifiste du conflit est-elle envisageable ?

Alors que le conflit s’enlise, les spécialistes consultés par « Le HuffPost » estiment que seule une défaite militaire stratégique de la Russie pourra conduire à la paix.

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Lorsque Vladimir Poutine lançait son « opération militaire spéciale » contre l’Ukraine il y a tout juste un an, peu d’experts imaginaient que les troupes de Kiev résisteraient à l’assaut « éclair » de Moscou davantage que quelques jours. Douze mois plus tard, ce vendredi 24 février, les deux camps s’affrontent pourtant toujours aussi férocement. Des dizaines de milliers de personnes ont péri, des dizaines de milliers d’autres ont été blessées et la paix, qui semblait acquise depuis la fin de la Seconde guerre mondiale en Europe, n’a jamais paru aussi éloignée.

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Un conflit qui s’inscrit sur la durée

Si ces armements promis par l’Occident doivent s’avérer essentiels dans le futur, ils sont aussi le signe d’un conflit qui s’inscrit sur la durée, probablement même au-delà de l’année 2023. « Les chars européens ne seront pas disponibles avant l’été, tandis que les blindés américains, en cours de construction, n’arriveront pas avant le mois de décembre ou de janvier prochain », estime le général Vincent Desportes, joint par Le HuffPost. Les avions de combats réclamés par le président Volodymyr Zelensky, nécessiteraient quant à eux une formation d’un an au minimum pour les pilotes, et ne représentent donc pas une solution miracle.

Malgré tout, « c’est un accélérateur de mouvement », juge auprès du HuffPost Dimitri Minic, docteur en histoire des relations internationales et spécialiste de la pensée stratégique russe à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (Ifri).

D’abord car certains armements pourraient « faire la différence à court et moyen terme ». À l’image des GLSDB (Ground-Launched Small Diameter Bomb), qui « vont permettre aux HIMARS (des lance-roquettes multiples américains de haute précision) ukrainiens de doubler leur portée et frapper bien plus efficacement l’arrière russe en Ukraine ». Ou encore du système de défense aérienne MAMBA, qui « limitera les effets des frappes russes sur les infrastructures civiles ukrainiennes ».

De plus, l’annonce de leur livraison force déjà Moscou à « précipiter le déclenchement de ses prochaines offensives, notamment dans le Donbass, poursuit Dimitri Minic. Si elles échouent, Kiev cherchera probablement à prendre l’initiative et à conduire des contre-attaques, même si elle n’a pas encore reçu les chars occidentaux ».

La Russie et l’Ukraine atteints du « syndrome du parieur »

Néanmoins, en l’état, nul ne semble en position de remporter la guerre et ni l’Ukraine, ni la Russie, ne paraissent enclines à mettre fin au conflit de manière pacifique. Pour le général Vincent Desportes, les deux belligérants souffrent actuellement du « syndrome du parieur » : « Chacun a beaucoup joué, beaucoup parié et beaucoup perdu, aucun n’est donc prêt à aller au compromis », observe-t-il. « Tant qu’ils auront le sentiment de pouvoir gagner, ni l’un ni l’autre n’ira vers la paix », juge encore cet ancien directeur de l’École supérieure de guerre, aujourd’hui professeur de stratégie à Sciences Po et HEC.

Selon l’ancien général de l’armée de terre, seule une défaite stratégique de la Russie pourrait mener à une paix durable entre les deux pays. « On ne peut certes pas exclure la possibilité d’une percée russe, mais compte tenu de l’état d’esprit des Ukrainiens, il est clair que cela se traduirait par un mouvement de résistance ». Un point de vue partagé par Dimitri Minic :

« Seule la défaite militaire de la Russie permettra à l’Ukraine d’atteindre ses objectifs politiques légitimes : chasser l’occupant russe et recouvrer totalement son intégrité territoriale. »

 

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> Lire l'article intégral sur le site du Huffington Post.

 

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