Face à Poutine : la France se réarme ?
À la veille de la Fête nationale, le président Emmanuel Macron a annoncé une augmentation inédite du budget de la Défense : 3,5 milliards d’euros supplémentaires en 2026, puis 3 milliards l’année suivante. L’effort financier vise à atteindre, d’ici 2027, un budget de près de 64 milliards d’euros, soit presque le double de celui d’il y a dix ans. Un tournant stratégique assumé dans un contexte où les certitudes d’hier s’effritent, y compris au sein des alliances occidentales.

Des avions, des blindés et des soldats en rangs serrés sur les Champs-Élysées : le défilé du 14-Juillet, qui a mis à l’honneur cette année des militaires prêts à partir en opération, avait des airs de démonstration de force. Avec en toile de fond, un climat géopolitique tendu, une Europe sous pression, et des discours qui sonnent comme des mises en garde. Emmanuel Macron, dans son allocution traditionnelle aux armées dimanche, n’a pas mâché ses mots. "Nous vivons un moment de bascule", a-t-il déclaré, évoquant un monde devenu "plus brutal". Selon lui, jamais la liberté n’a été aussi menacée depuis 1945. Et "jamais, à ce point, la paix sur notre continent n’a dépendu de nos décisions présentes".
L’Europe est "mise en danger au moment où la guerre a été portée sur notre sol avec l’invasion de l’Ukraine, et que les États-Unis de Donald Trump ont ajouté une forme d’incertitude" quant à la pérennité de leur soutien, a ainsi affirmé Emmanuel Macron. "Face à un monde plus brutal, la Nation doit être plus forte", car "pour être libres dans ce monde, il faut être craints ; pour être craints, il faut être puissants", a insisté le président de la République. Quelques jours plus tôt, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, avait brossé un sombre tableau des menaces, tant internes qu’externes, qui pèsent sur la France, et pointé "une nécessité de prise de conscience" : "La guerre en Europe est déjà là".
Pendant ce temps, en Ukraine, les combats se poursuivent sans relâche. Moscou intensifie ses frappes, battant chaque semaine des records en nombre de missiles et de drones tirés. Face à cette escalade, Volodymyr Zelensky avait appelé ses alliés à envoyer « davantage que des signaux » pour stopper la Russie. Dimanche matin, Donald Trump annonçait finalement l’envoi de systèmes antiaériens Patriot, cruciaux pour la défense de Kiev. "Je suis déçu par la Russie. Je ferai une déclaration majeure lundi", lançait-il, sans en dire plus.
Les experts :
Général Patrick DUTARTRE, général de l’armée de l’Air et de l’Espace, ancien pilote de chasse
Élie TENENBAUM, directeur du Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales
Isabelle LASSERRE, correspondante diplomatique, spécialiste des questions de stratégie et de géopolitique au Figaro
Laura KAYALI, journaliste Défense, POLITICO
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