DECRYPTAGE. Embargo sur le diesel russe en Europe : ce spécialiste ne croit pas à une forte hausse des prix
Après le pétrole brut, ce sont les produits raffinés d'origine russe qui font désormais l'objet d'un embargo des pays européens. Or, les raffineries européennes sont optimisées pour produire essentiellement de l'essence, ce qui oblige l'Europe à importer majoritairement son diesel.
Olivier Appert, conseiller du centre énergie de l’IFRI, membre de l’Académie des technologies, décrypte les conséquences possibles.
Embargo sur le pétrole russe, phase 2. Après avoir stoppé l’importation de pétrole brut russe début décembre, en représailles de la guerre en Ukraine menée par la Russie, l’Union européenne a lancé, lundi 6 février, le deuxième volet de son plan en lien avec les pays du G7 et l’Australie. L’arrêt des importations de produits pétroliers raffinés (diesel, kérosène, mazout et fioul) russe est un enjeu majeur pour les raffineries européennes qui sont optimisées pour produire plutôt de l’essence que du gazole.
Cette nouvelle interdiction se traduit par un coût plus élevé car ça désoptimise les circuits d’approvisionnement, note ainsi Olivier Appert. Toutefois, le conseiller du centre énergie de l’IFRI, membre de l’Académie des technologies, relativise les conséquences de l’embargo pour l’Europe.
L’impact des grèves plus important que l’embargo
Les opérateurs et les marchés ont anticipé la mise en œuvre de cette décision. Donc, je ne vois pas personnellement d’impact majeur. D’autant plus que, contrairement au gaz naturel, la consommation de diesel est relativement stable au cours de l’année. Et par ailleurs, on dispose en France de 90 jours de stocks, qui peuvent être mobilisés le cas échéant. Donc, ce n’est pas la mise en œuvre effective de cet embargo qui me préoccupe le plus. C’est plutôt un blocage des raffineries et des dépôts. Si les grèves dont on parle sur les retraites ont effectivement lieu, là on risque d’avoir des problèmes.
Et l’économie russe, risque-t-elle d’avoir des problèmes avec l’embargo ? Pas si l’on s’en tient aux volumes exportés.
Ce que la Russie n’a pas exporté vers l’Europe, elle l’a exporté vers la Chine, l’Inde et les pays en voie de développement, l’Inde ayant par exemple multiplié ses importations de pétrole russe par 10. En revanche, la Russie subit un impact sur la valeur des exportations avec le prix du brut Oural, qualité standard, réduit de 30 % en un an."
Dans le même temps, le prix du brent a aussi perdu 17 % [...]
Je n’imagine pas que, demain, il va y avoir un bond sur le prix du diesel.
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