Donald Trump joue les équilibristes lors de sa tournée au Moyen-Orient
Au-delà de sa dimension économique, l'actuelle tournée de Donald Trump au Moyen-Orient se double de plusieurs aspects éminemment stratégiques pour Washington. La spécialiste en matière de relations internationales, Dorothée Schmid, analyse dans « Tout un monde » les rapports de force en présence dans ce voyage très observé.

Donald Trump a choisi le Moyen-Orient pour son premier grand voyage à l'étranger depuis son retour à la Maison Blanche. Son objectif est clairement affiché: faire du business. Mais au-delà des accords commerciaux, le président des Etats-Unis a signé, au cours de la première étape de son voyage en Arabie saoudite, plusieurs accords de coopération dans les domaines militaires, douaniers, médicaux et judiciaires. En point d'orgue, un contrat d'armement géant à 142 milliards de dollars.
Le pensionnaire de la Maison Blanche rencontre mercredi le nouveau leader syrien Ahmed al-Charaa, avant de partir pour le Qatar, puis pour les Emirats arabes unis. Le tout sans passer par la case Israël, ce qui ne manque pas d'étonner pour un président américain pourtant de passage dans la région.
« C'est un message pour Benyamin Netanyahu, c'est très clair », analyse Dorothée Schmid, invitée mercredi dans l'émission Tout un monde de la RTS. « C'est bouder, faire la chaise vide, tout en envoyant son envoyé spécial Steve Witkoff pour discuter avec Netanyahu, quitte à le forcer [...] On est dans quelque chose qui, symboliquement, tient vraiment du rapport de force systématique. »
Peu d'impact immédiat sur Israël
Ce coup de pression américain ne signifie pas pour autant que Washington s'oppose au projet israélien de conquête totale de Gaza. Ce point « n'est pas très clair », nuance Dorothée Schmid. « On s'en souvient, Donald Trump a fait des annonces contradictoires en disant que les Etats-Unis pourraient se charger de mettre Gaza en valeur. Mais cette opération-là [la prise de contrôle totale du territoire de Gaza par Israël, ndlr], elle, n'est pas planifiée avec les Etats-Unis », estime la spécialiste.
De là à freiner les ambitions israéliennes à Gaza, il y a un pas, prévient Dorothée Schmid. « Je ne crois pas vraiment que cette absence de Trump puisse empêcher Israël » de poursuivre ses nouveaux objectifs à Gaza. En revanche, c'est « un message à l'égard des dirigeants arabes », qui veut montrer que Donald Trump a d'autres interlocuteurs qu'Israël dans la région.
Une région cruciale pour les Etats-Unis
Pour les Etats-Unis, l'alliance avec l'Arabie saoudite, le Qatar et les Emirats arabes unis est extrêmement importante. « Le Qatar, c'est une base américaine énorme, très importante pour les capacités américaines au Moyen-Orient. Avec l'Arabie saoudite, il y a des annonces d'investissements croisés qui sont absolument énormes aussi [...]. Et les Emirats sont également très importants, car le pays est signataire des accords d'Abraham, un accord de normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes. C'est un allié pour l'axe pro-israélien » des Américains, liste la spécialiste.
En outre, ces pays ne s'entendent pas forcément très bien en ce moment. Derrière l'actuelle tournée de Donald Trump, « l'idée, c'est d'une certaine façon de réunifier ces pays du Golfe, trois puissances qui comptent beaucoup. Le Qatar, c'est un pays qui fait des médiations, qui a été très utile sur la question des offensives israéliennes et sur la libération des otages. Les Emirats, c'est un partenaire de business extrêmement important. L'Arabie saoudite, c'est la puissance de l'avenir dans la région », résume Dorothée Schmid.
Lire l'article sur le site de RTS.
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