Selon le chercheur Paul Wohrer, l’espace constitue désormais un enjeu stratégique majeur dans un contexte international marqué par la dégradation des équilibres géopolitiques. Le secteur spatial européen est confronté à une série de défis préoccupants : intensification de la concurrence (notamment avec des acteurs comme SpaceX), essoufflement des marchés traditionnels, sous-investissement chronique, et dualité structurelle d’une industrie à deux vitesses — entre filières historiques fragilisées et start-ups encore trop dispersées. Dans ce cadre, le risque de déclassement de l’Europe est réel, alerte-t-il.

Pour y répondre, Paul Wohrer plaide en faveur d’une mobilisation stratégique de l’espace au service de trois priorités politiques :

• Renforcer les capacités spatiales européennes pour dissuader la Russie, en investissant massivement dans des projets structurants tels que Galileo, Iris² (télécommunications souveraines), ou encore de nouveaux dispositifs de renseignement spatial indispensables aux opérations militaires modernes.
• Accroître l’autonomie européenne dans la production et le lancement des systèmes spatiaux critiques (satellites, lanceurs, composants), en insistant sur le fait que cette autonomie est aujourd’hui techniquement à portée de main.
• Optimiser la gouvernance et la chaîne de valeur spatiale, en clarifiant les responsabilités entre l’Union européenne et l’ESA, en assouplissant certaines règles comme celle du retour géographique, et en favorisant l’émergence de champions européens capables de rivaliser avec les grands acteurs mondiaux.

Pour Paul Wohrer, ces difficultés représentent aussi une opportunité stratégique : celle de faire de l’espace un levier de puissance, de compétitivité et de souveraineté pour l’Union européenne. À condition d’assumer pleinement l’ambition politique et financière que cela suppose.

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