10
oct
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Hans STARK, propos recueillis par Alban de Montigny dans La Croix

« La dette est le talon d’Achille de la France »

Les faits sont tenaces. La France n’a jamais eu un budget à l’équilibre depuis 1974. Une seule fois, en 2017, son déficit public est passé sous la règle d’or des 3 %, règle qu’elle avait pourtant elle-même fixée. À la différence de l’Allemagne, elle semble incapable, structurellement, de tenir les critères de convergence établis par le traité de Maastricht.

la_croix.png

La France n’a jamais eu un budget à l’équilibre depuis 1974.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la dette publique allemande s’élève à 2 406 milliards d’euros, soit 65,9 % du produit intérieur brut (PIB) ; Berlin est donc dans les clous fixés par Maastricht. La dette française, elle, dépasse les 3 000 milliards d’euros, soit 112,5 % du PIB. Cette dette a un coût, et c’est le plus préoccupant. Le paiement des intérêts de la dette a représenté 53,2 milliards d’euros en 2022. La situation ne devrait pas s’arranger dans le contexte d’augmentation des taux d’intérêt. C’est le talon d’Achille de la France.

Au fond, nos deux pays ont un rapport très différent à l’endettement. La dette inquiète les Allemands, elle est synonyme de mauvaise gestion. Ce sentiment s’enracine dans l’histoire du pays qui a connu par le passé, à plusieurs reprises, un effondrement de son système monétaire ; ces crises ont marqué le subconscient sociétal et politique. Aujourd’hui, un budget qui ne respecte pas la règle des 3 % mais qui passerait malgré tout au Parlement serait retoqué par la Cour constitutionnelle.

[...]

Hans Stark, professeur de civilisation allemande à Sorbonne Université et conseiller pour les relations franco-allemandes à l’Institut français des relations internationales (Ifri)

 

Cet article est disponible sur le site de La Croix (réservé aux abonnés).

 

 

Mots-clés
dépenses publiques dette publique France