24
avr
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Marc JULIENNE, cité par Franceinfo / AFP

Guerre en Ukraine : "crise" diplomatique créée par l'ambassadeur de Chine en France après ses propos sur la Crimée et des pays de l'ex-URSS

De son interview sur LCI vendredi jusqu'aux convocations d'émissaires chinois des Etats baltes trois jours plus tard, l'ambassadeur de Chine en France est sous le feu des projecteurs depuis 72 heures.

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Que se passe-t-il au sein de la diplomatie chinoise en France ? Le représentant de Pékin à Paris, Lu Shaye, était invité de LCI, vendredi 21 avril, lorsqu'il s'est lancé dans une analyse erronée de la situation de la Crimée, région d'Ukraine annexée par la Russie depuis 2014, provoquant de vives réactions au sein de la communauté internationale.

Le tollé porte également sur les propos qu'il a tenus au sujet des pays de l'ex-URSS et a entraîné la convocation des ambassadeurs de Chine en Lituanie, en Lettonie et en Estonie, lundi. Franceinfo vous résume cette séquence diplomatique tendue en quatre actes.

1 - L'ambassadeur remet en cause la souveraineté de certains Etats lors d'une interview

L'ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, était invité sur la chaîne LCI vendredi. Interrogé sur la situation de la province ukrainienne de Crimée, annexée depuis 2014 par Moscou, le diplomate a commenté : "Ça dépend de comment on perçoit ce problème. Il y a l'Histoire. La Crimée était, tout au début, à la Russie. C'est [Nikita] Khrouchtchev qui a offert la Crimée à l'Ukraine dans l'époque de l'Union soviétique." Il en a également profité pour nier la souveraineté d'ex-républiques soviétiques. Selon lui, les pays de l'ex-URSS "n'ont pas le statut effectif dans le droit international, parce qu'il n'y a pas d'accord international pour concrétiser leur statut de pays souverain", a-t-il déclaré vendredi soir.

Or, les Etats nés à la suite de l'effondrement de l'Union soviétique sont des membres souverains, comme le précise la charte de l'ONU. 

"Il s'agit de propos absolument faux et révisionnistes", confirme Marc Julienne, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri) et expert de la Chine, qui rappelle que le diplomate s'est déjà fait remarquer par plusieurs déclarations et prises de positions contestées durant son passage à Paris. "C'est la énième crise que provoque l'ambassadeur, il ne faut pas s'en étonner outre mesure", considère-t-il.

Lors de cette interview, le diplomate a par ailleurs appelé à arrêter de "chicaner" sur la question des frontières post-soviétiques. "Maintenant, le plus urgent est d'arrêter, de réaliser le cessez-le-feu" entre la Russie et l'Ukraine, a-t-il ajouté.

[...]

4 - La Chine prend ses distances avec son émissaire

Cette prise de position de Lu Shaye correspond-elle à celle de son pays ? Lundi, Pékin, à travers la voix de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Mao Ning, déclare le contraire, assurant respecter le "statut d'Etats souverains" des pays de l'ex-URSS. "Après l'effondrement de l'Union soviétique, la Chine a été l'un des premiers pays à établir des relations diplomatiques avec les pays concernés", a-t-elle précisé. "Depuis l'établissement des relations diplomatiques, la Chine a toujours adhéré au principe du respect mutuel et de l'égalité pour développer des relations bilatérales d'amitié et de coopération", ajoute la porte-parole.

Ces assertions "n'étaient pas une déclaration de la politique, mais une expression de points de vue personnels au cours d'un débat télévisé. Elles ne devraient pas faire l'objet de sur-interprétation", écrit encore le porte-parole de l'ambassade de Chine en France dans un communiqué publié lundi. Face au tollé, l'ambassade de Chine supprime également les propos controversés sur les anciens Etats soviétiques des retranscriptions du compte WeChat, comme l'a repéré Bloomberg

"Cette rectification de Pékin est une étape importante, puisqu'en tant que représentant, ce que l'ambassadeur dit engageait la Chine", commente le chercheur Marc Julienne

Si Pékin se dit officiellement neutre dans le conflit qui oppose Kiev à Moscou, le président chinois Xi Jinping n'a cependant jamais condamné l'invasion russe.

 

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