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La voix de Moscou trouble le concert de l’information internationale

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  Le Monde diplomatique
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Accusée d’être un instrument dans les mains du Kremlin, RT a repris les codes, et les défauts, des chaînes d’information en continu, nombreuses à se faire concurrence dans une arène désormais mondiale. La forte progression de son audience aux États-Unis ou en Europe tient à une ligne éditoriale ouvertement critique à l’égard des politiques occidentales, qu’elle décline en fonction des régions.

Contenu intervention médiatique

C’est un clip réalisé pour les 10 ans de RT (ex-Russia Today), fleuron de l’audiovisuel public extérieur russe, en décembre 2015. Affublée d’un uniforme soviétique, Margarita Simonian, la rédactrice en chef de la chaîne d’information continue, passe en revue son personnel au siège de la rue Borovaïa à Moscou : Liouba, la femme de ménage, « reçoit ses ordres directement du Kremlin » ; dans un studio tapissé d’un fond vert, une journaliste « embarquée » lit un prompteur en arabe alors que des figurants déguisés en combattants syriens tirent à blanc ; les présentateurs étrangers croupissent dans une geôle humide, tandis que le Britannique Kevin Owen, employé par la chaîne, est menotté à son plateau...

RT a choisi l’autodérision pour répondre à ses nombreux détracteurs, qui voient en elle un instrument de propagande du Kremlin. À l’occasion de cet anniversaire, M. Vladimir Poutine a rappelé les objectifs somme toute classiques de cette chaîne transnationale, après une décennie d’efforts pour rattraper le retard russe dans le champ de la « diplomatie publique » (lire « De la guerre froide à l’invasion de l’Irak »). « Il est capital que notre voix et la vôtre soient entendues (…), non seulement par les hommes politiques, mais aussi et surtout par les simples citoyens dans le monde entier », a déclaré le président.

La « révolution orange » de 2004 en Ukraine, que le Kremlin a perçue comme une ingérence occidentale dans son voisinage par organisations non gouvernementales (ONG) interposées, a marqué un tournant dans la politique étrangère russe, qui a pris conscience de ses faiblesses en matière d’influence internationale. Dès l’année suivante, Moscou a jeté les premières bases du groupe Russia Today. « L’idée initiale était de créer une chaîne [anglophone] uniquement centrée sur la Russie. Mais il est vite devenu évident que cette idée était vouée à l’échec, se souvient Simonian. Si notre audience se limitait aux kremlinologues et aux observateurs de la Russie, alors, bien entendu, cela représenterait très peu de monde (1).  »

« Il n’y a pas d’objectivité »

Lors de la guerre russo-géorgienne de 2008, afin de répondre à la couverture du conflit par les grands médias occidentaux, jugée unilatérale, la rédaction adopte une ligne éditoriale plus offensive. RT voit alors sa mission muter pour devenir celle d’un média « global », capable de promouvoir une « autre vision » des événements. L’internationalisation du réseau s’accentue. Après l’inauguration en 2007 de sa version arabe, Russiya Al-Youm (aujourd’hui RT Arabic), le groupe RT lance un service espagnol (2009), une chaîne aux États-Unis (2010), une autre au Royaume-Uni (2014) et enfin deux médias en ligne pour les audiences germanophone et francophone (2014). Une chaîne RT France est annoncée pour le courant de cette année.

Fort de 2 100 employés et disposant de bureaux dans 19 pays, le groupe s’est développé grâce aux moyens importants mis à sa disposition par l’État russe. Selon un sondage de l’institut Ipsos conduit en novembre 2015 dans 38 pays, ses chaînes sont regardées par 70 millions de personnes chaque semaine ; une audience qui se situe derrière celle du service international de la British Broadcasting Corporation (BBC), mais devant celle de la Deutsche Welle et de France 24. Avec respectivement 8 et 36 millions de téléspectateurs hebdomadaires, RT est en outre la cinquième chaîne internationale la plus regardée aux États-Unis et en Europe, ses cibles prioritaires. Depuis son lancement, son budget a décuplé, passant de 29 à 290 millions d’euros — près d’un quart des dotations publiques accordées aux médias. RT s’est adaptée rapidement à la promotion des contenus sur Internet, en utilisant massivement les technologies numériques virales (retransmission vidéo en direct, images à 360 degrés). Le groupe a ouvert de multiples comptes sur les réseaux sociaux, ainsi que sur YouTube, où il se présente comme la première source d’information du monde, avec 4,5 millions d’abonnés toutes chaînes confondues. Le modèle de Cable News Network (CNN) — réactivité, « dernière minute », info-divertissement — reste un étalon en matière de production. L’émission de débat phare de RT International, « CrossTalk », s’inspire directement du talk-show de CNN « Crossfire » (arrêté en 2014). Et le débauchage en 2013 de l’ancien animateur-vedette de la chaîne américaine, Larry King, compte parmi ses principaux faits d’armes.

RT se conçoit comme une solution de rechange aux « médiasmainstream  » occidentaux, au nombre d’une cinquantaine, selon l’inventaire établi par la rédaction (2). « Nous avons voulu casser le monopole des médias anglo-saxons dans le flux mondial de l’information », expliquait M. Poutine lors d’une visite dans les bureaux, en juin 2013. Pour M. Andreï Kortunov, directeur du Conseil russe pour les affaires internationales, « l’enjeu [pour RT] n’est pas tant de promouvoir les positions de la Russie que de mettre en doute l’univocité des positions occidentales, de relativiser l’interprétation occidentale des événements », comme en témoigne la devise de la chaîne, « Question more » (« Osez questionner »).

Ouvertement engagée, RT fait fi de la contradiction qui tiraille les chaînes publiques extérieures occidentales : d’une part, l’exigence politique de diffuser une information compatible avec l’intérêt national incarné par l’État actionnaire ; d’autre part, le principe déontologique imposant un degré d’indépendance tangible pour ne pas apparaître comme propagandiste (3). À l’occasion de l’élargissement du service Monde de la BBC, en novembre 2016, son directeur général, Tony Hall, affirmait sa vision d’« une BBC confiante, ouverte sur le monde, qui apporte le meilleur de notre journalisme, indépendant et impartial ». Dans la même veine, Mme Marie-Christine Saragosse, présidente-directrice générale de France Médias Monde, assurait au Point (5 décembre 2016) que France 24, financée par la redevance audiovisuelle et par l’État, n’était « pas une chaîne gouvernementale ».

Tournant le dos à ce dilemme, l’équipe de RT préfère assumer ses liens avec l’État russe. Interrogée en 2014 par Christiane Amanpour, de CNN, sur l’utilisation de RT comme instrument de riposte gouvernementale au « problème d’image négative » de la Russie, l’Américaine Anissa Naouai, présentatrice de l’émission « In the Now », affirmait n’avoir « rien à cacher ». Elle ajoutait : « Les gens savent d’où viennent nos subventions. (…) Est-ce que nous montrons davantage les choses du point de vue russe ? Bien sûr, car ce point de vue est mis sur la touche. Mais c’est une question absurde de la part d’un média qui propage le point de vue du département d’État depuis plus de quinze ans. » Une pique lancée à Amanpour, qui, à la fin des années 1990, fut envoyée par CNN pour couvrir le Kosovo comme grande reporter quand son mari James Rubin occupait au même moment la fonction de porte-parole du département d’État… Les dirigeants de RT perçoivent ainsi l’environnement médiatique international comme un espace où coexistent plusieurs régimes narratifs : « Avez-vous déjà vu beaucoup d’exemples de couverture objective ? (…) Il n’y a pas d’objectivité : il y a autant d’approximations de la vérité qu’il y a de voix possibles », lançait Simonian au Spiegel Online (13 août 2013), préférant l’affirmation d’un pluralisme aux proclamations d’impartialité.

Prédilection pour les thèmes sécuritaires

RT accorde une place privilégiée à des événements dont les médias occidentaux traitent peu. La chaîne russe continue par exemple de couvrir la guerre en Afghanistan, où les bombardements de la coalition menée par les États-Unis se poursuivent dans une relative indifférence (11 février). Elle consacre régulièrement des sujets à la guerre au Yémen, un conflit éclipsé ailleurs par l’actualité syrienne. Le 10 février dernier, par exemple, les actualités de RT International reprenaient en ouverture les révélations de la presse britannique (4) sur la poursuite des ventes d’armes à l’Arabie saoudite malgré un bombardement accidentel lors de funérailles en octobre 2016, qui aurait fait 140 morts et des centaines de blessés.

La politique éditoriale de la branche internationale de RT s’organise autour de plusieurs lignes de force : la promotion d’un monde multipolaire et des valeurs souverainistes, la critique de l’atlantisme et des velléités hégémoniques américaines, ou encore la dénonciation de la « russophobie ». Pour porter ces idées, la chaîne fait appel à des experts très hétéroclites, qui vont d’anciens du Club de l’Horloge (cercle de réflexion de droite et d’extrême droite français) aux pacifistes américains. Les personnalités politiques invitées dans l’émission « SophieCo » reflètent le même creuset transpartisan : s’y sont succédé la coprésidente du parti Die Linke au Bundestag, Mme Sahra Wagenknecht ; l’éphémère conseiller pour la sécurité nationale de M. Donald Trump, M. Michael Flynn ; le candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle autrichienne, M. Norbert Hofer ; l’ancien ministre des affaires étrangères socialiste français Hubert Védrine ; ou la présidente du Front national (FN), Mme Marine Le Pen. Cette même émission recueille aussi le point de vue de responsables de puissances régionales, comme l’ancienne ministre des affaires étrangères du Pakistan Hina Rabbani Khar, l’ex-président turc Abdullah Gül (Parti de la justice et du développement, AKP) ou encore un négociateur iranien pour le programme nucléaire de Téhéran. Enfin, la couverture de la vie politique russe évite la censure grossière, puisque même l’anniversaire de l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov a été évoqué dans le journal du 26 février.

La ligne éditoriale de RT International ne se confond pas avec celle des chaînes ou des sites locaux. RT s’adapte à l’offre médiatique existante des pays dans lesquels la Russie souhaite étendre son influence. RT America reprend ainsi la critique du néolibéralisme et des positions diplomatiques néoconservatrices, loin des lignes éditoriales des grandes chaînes nationales câblées, de CNN à Fox News. Le 18 février, l’émission « Keiser Report » dénonçait la désignation par le nouveau président Donald Trump, comme conseillers et membres de son cabinet, d’anciens de la banque d’affaires Goldman Sachs. Cette tonalité anti-Wall Street n’a pas retenu l’attention de la direction du renseignement américain, qui accuse la chaîne d’avoir soutenu le candidat républicain pendant la campagne présidentielle. Une allégation qui mérite d’être fortement nuancée : le but premier de RT était de critiquer Mme Hillary Clinton, dont les tendances unilatéralistes inquiétaient le Kremlin, en insistant sur les liens de l’ancienne secrétaire d’État avec les milieux néoconservateurs ou en évoquant, en partenariat avec WikiLeaks, l’affaire des courriels compromettants de la candidate et de son conseiller John Podesta.

En outre, plusieurs personnalités classées à gauche, et dont les talk-shows sont hébergés par RT America, ont affiché des positions anti-Trump. Le journaliste Ed Schultz n’a pas caché ses sympathies pour M. Bernie Sanders, qui lui a accordé plusieurs interviews pendant les primaires démocrates. Son collègue Chris Hedges, lauréat du prix Pulitzer en 2002 et proche de Noam Chomsky, se définit lui-même comme « socialiste » dans le journal alternatif Truthdig, dont il est l’un des éditorialistes. Dans l’épisode de son émission « On Contact » réalisé quelques jours après la victoire de M. Trump, Hedges, tout en voyant dans l’élection de ce dernier le signe du « rejet massif des politiques néolibérales menées par l’élite politique et financière dirigeante », prévenait que « les libertés civiles, déjà gravement érodées, pourraient céder leur place à un État policier déchaîné et sans pitié ». Enfin, fidèle à son approche « antisystème », RT America a donné la parole aux candidats des « tiers partis » (Parti vert, Parti libertarien), rarement invités par les médias concurrents.

Au Proche-Orient, devenu depuis le début des années 2000 un champ de bataille médiatique entre grandes chaînes internationales, RT Arabic déplore la déstabilisation engendrée par les « printemps arabes » — accompagnés par Al-Jazira (5) — et vilipende l’interventionnisme militaire des puissances occidentales dans la région, que la chaîne Al-Hurra, financée par le Congrès américain, met en sourdine.

La critique de l’ingérence des États-Unis dans les affaires intérieures de pays souverains est également l’un des chevaux de bataille de RT en espagnol, particulièrement active au Mexique, en Argentine et au Venezuela. La chaîne hispanophone diffuse un discours anti-impérialiste et antilibéral en phase avec la gauche latino-américaine, qu’elle soutient sans ambiguïté. Pour le chercheur John Ackerman, qui y tient une chronique régulière, le résultat plus qu’honorable de M. Lenín Moreno, le dauphin du chef de l’État équatorien Rafael Correa, au premier tour de la présidentielle, en février 2017, prouve que « le cycle des gouvernements progressistes n’est pas terminé en Amérique latine ».La chaîne parle de « guerre économique contre [le président Nicolás] Maduro » (21 février) pour évoquer les difficultés économiques que traverse le Venezuela, semblant imputer à l’opposition l’entière responsabilité de la crise. La question du rôle du gouvernement dans la « mauvaise gestion financière » du pays a néanmoins été posée lors d’une édition d’« El Zoom » (14 décembre).

Le site de RT en français, comme les autres branches européennes de RT, offre un visage nettement plus conservateur. Abordant peu les questions économiques et sociales, la plate-forme multimédia russe a une prédilection pour les thèmes sécuritaires. En 2016, pour un article évoquant le chômage, on en trouvait 17 sur le terrorisme (contre 2 dans Le Monde et 1,7 dans Le Figaro) (6). RT accorde relativement plus d’espace que les autres médias aux « petits » candidats à l’élection présidentielle, mais ce rééquilibrage favorise davantage le souverainiste gaulliste Nicolas Dupont-Aignan que le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon (7). Même logique outre-Manche, où le leader du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), M. Nigel Farage, avait fait 17 apparitions sur RT UK entre 2010 et 2014 (8), bien avant la campagne pour le « Brexit ».

Dans le cadre de la présidentielle française, le site ne tait ni les déboires judiciaires de M. François Fillon (souvent présenté en France comme « prorusse ») ni les concerts de casseroles que lui réservent ses opposants lors de ses déplacements. Il traite également des soupçons d’emplois parlementaires fictifs qui pèsent sur Mme Le Pen ; il accorde toutefois une place importante aux déclarations de ses avocats et aux communiqués de presse du FN (17 et 20 février). Indice d’une adhésion particulière de la chaîne russe à l’orientation politique de la candidate frontiste, on peut y trouver en intégralité sa conférence de presse présentant sa vision de la politique étrangère de la France, durant laquelle elle a rappelé son souhait d’« arrimer la Russie au continent européen » (23 février).

Conformément à la ligne antilibérale de RT, le candidat d’En marche ! Emmanuel Macron bénéficie certainement du traitement le moins favorable. Le site moque sa posture « antisystème », la qualifiant d’« escroquerie absolue » par la voix de l’« économiste atterré » Dany Lang (3 février). Toutefois, même en admettant l’obscénité des boules puantes lancées à M. Macron par deux membres du parti Les Républicains sur la plate-forme multimédia Sputnik, consœur publique de RT, on est loin de l’« acharnement » dont se plaint le candidat, qui brandit le chiffon rouge de la menace russe (9).

RT manifeste un goût prononcé pour la contestation, y compris sociale, en Occident, en particulier lorsqu’elle fournit des images spectaculaires d’affrontements avec la police, de vitres brisées ou d’incendies, qui peuvent donner lieu à des « best of » de « vidéos-chocs » (30 décembre 2016). Aux États-Unis aussi, la chaîne s’est fait l’écho de mouvements sociaux d’ampleur comme Occupy Wall Street, Black Lives Matter ou, plus récemment, les marches anti-Trump. Ces images mettent l’accent sur les fractures qui traversent les sociétés occidentales. Le site montre aussi bien le combat de l’agriculteur Cédric Herrou, défenseur des migrants dans la vallée franco-italienne de la Roya (10 février), que les pancartes « Oui, on est chez nous » des militants frontistes d’Hénin-Beaumont adressées au film Chez nous de Lucas Belvaux, qui met en scène la campagne municipale d’un avatar du FN (22 février). Les démocraties libérales y sont représentées comme étant au bord du chaos, voire de la « guerre civile » (12 janvier). Le média russe couvre fréquemment des accidents industriels avec un filtre anxiogène : incendie dans la salle des machines de la centrale nucléaire de Flamanville (journal télévisé du 9 février), cinquantaine de cas d’intoxication respiratoire due à un gaz irritant à l’aéroport de Hambourg (12 février). Une manière de relativiser le fossé technologique qui sépare la Russie de l’Europe de l’Ouest et des États-Unis, et qui reste un enjeu central pour les élites russes.

À l’instar de CNN pour les États-Unis pendant les guerres américaines, RT devient un instrument de propagande lorsqu’il s’agit de couvrir des conflits présentant un intérêt stratégique majeur pour la Russie. La chaîne répercute alors avec zèle, à l’international, la vision officielle des événements. En Syrie, où RT a plusieurs fois servi de tribune au président Bachar Al-Assad, l’issue de la bataille d’Alep a cristallisé le profond antagonisme de la guerre de l’information russo-occidentale : après la reprise de la ville par l’armée syrienne, RT montrait sur ses canaux la liesse des habitants de l’ouest d’Alep, quand la quasi-totalité des médias occidentaux se focalisaient sur la situation humanitaire des quartiers est (lire l’encadré ci-dessous). À l’inverse, la chaîne invite un ancien diplomate britannique à commenter les « pertes civiles »lors de la bataille de Mossoul, en voie d’être reprise par les troupes irakiennes avec l’appui de la coalition menée par les États-Unis.

Ironie de l’histoire, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) a inauguré en janvier 2014 à Riga le Centre d’excellence pour la communication stratégique. L’institution, qui ne s’est guère illustrée par son souci de la vérité, notamment durant la guerre en ex-Yougoslavie (10), se donne désormais pour ambition de déconstruire les « campagnes informationnelles » de son meilleur ennemi russe, en recourant à la technique très en vogue du fact-checking (« vérification factuelle »).

RT a répliqué en lançant sa plate-forme FakeCheck [« fausse vérification »]. Au menu : le documentaire primé aux Oscars Les Casques blancs, consacré aux secouristes syriens travaillant dans les zones rebelles en Syrie. Vidéos à l’appui, la chaîne russe accuse cette organisation d’entretenir des liens avec des groupes djihadistes, et souligne ses sources de financement occidentales. Surtout, l’équipe de RT est passée maître dans l’art de retourner les accusations de propagande à son avantage. Elles lui permettent de conforter son identité de média « antisystème » et de canaliser les audiences contestataires en jouant la carte du « seul contre tous ». En conclusion du clip tourné pour les 10 ans de la chaîne, Margarita Simonian s’adressait au spectateur, le sourire aux lèvres : « Alors, c’est comme ça que vous nous imaginiez ? Vous avez raison, c’est exactement la manière dont nous travaillons ! »

 

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Maxime AUDINET

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