Société civile franco-allemande : enjeu et acteur des relations bilatérales. Bilan et perspectives après la signature du traité d’Aix-la-Chapelle

Le traité signé à Aix-la-Chapelle le 22 janvier 2019 par la France et la République fédérale d’Allemagne (RFA) met en avant le rôle de la société civile dans la coopération bilatérale et entend contribuer à « rapprocher [les] sociétés et [les citoyens] » des deux pays. Ce discours reflète la place désormais accordée aux acteurs sociétaux par les gouvernements qui longtemps avaient mis l’accent quasi exclusivement sur leur propre rôle dans le processus de rapprochement et de coopération franco-allemand.

Depuis le début du millénaire, médias et acteurs publics valorisent les « initiatives citoyennes », censées être des gages de la démocratie et de l’engagement par la base.
Partant d’une définition de la société civile par rapport aux acteurs économiques et étatiques, cette note se propose d’analyser les enjeux actuels et les implications de ladite société civile dans les relations bilatérales et européennes, après avoir rappelé l’apport historique de ces acteurs aux relations franco-allemandes. À titre d’exemple, les jumelages font l’objet d’une analyse approfondie pour distinguer différentes périodes. Ils permettent de saisir l’apport des sociétés au travail commun sur le passé comme les réponses qu’elles apportent aux défis contemporains à l’exemple de la « fermeture » des frontières au moment de la pandémie du coronavirus. Aujourd’hui, les associations ou forums sociétaux sont considérés comme le socle de la construction européenne. Ils ont aussi réussi à préciser leurs besoins, à mieux les communiquer aux politiques et sont à l’origine de la mise en place du Fonds Citoyen. Ils se coordonnent encore davantage, comme le reflètent les initiatives des deux grandes fédérations des associations franco-allemandes, la Fédération des associations franco-allemandes pour l’Europe (FAFA) et l’Association des sociétés franco-allemandes pour l’Europe [La Vereinigung Deutsch-Französischer Gesellschaften für Europa (VDFG)] qui entendent être un office franco-allemand des citoyens visant à dépasser le périmètre bilatéral pour jouer un rôle accru en Europe. Cependant, force est de constater que le travail mené par les associations françaises et allemandes reste encore bien souvent bilatéral. L’européanisation des initiatives sociétales franco-allemandes reste un défi pour les prochaines années.
Corine Defrance est directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et directrice adjointe de l’Unité mixte de recherche SIRICE (Sorbonne Identités, relations internationales et civilisations de l'Europe). Elle enseigne à l’université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne.
Tanja Herrmann est docteure en histoire, elle a soutenu en octobre 2017 une thèse en cotutelle à l’université de Mayence et à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sur le second boom des jumelages franco-allemands (1985-1994).
Cette publication est également disponible en allemand : "Die deutsch-französische Zivilgesellschaft: Gegenstand und Akteur der bilateralen Beziehungen. Bilanz und Perspektiven nach Unterzeichnung des Aachener Vertrags" (pdf)
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Société civile franco-allemande : enjeu et acteur des relations bilatérales. Bilan et perspectives après la signature du traité d’Aix-la-Chapelle
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesL’Allemagne face à l’Amérique de Trump. Une rupture sans précédent
Le 6 novembre 2024 Donald Trump est réélu à la présidence des États-Unis. Le même jour, Olaf Scholz annonce qu’il limoge son ministre des finances, Christian Lindner, décision qui va mettre un terme à la coalition tripartite au pouvoir depuis trois ans et ouvrir la voie à des élections anticipées.
Les évolutions du comportement des électeurs allemands
Les élections fédérales du 23 février 2025 ont été marquées par le caractère exceptionnel de ce vote anticipé et la brièveté de la campagne électorale. L’éparpillement du vote et la grande volatilité des électeurs ont conduit à une redéfinition du paysage et de la géographie des partis en Allemagne.

DOSSIER - Les élections anticipées en Allemagne du 23 février 2025
Les résultats des élections fédérales anticipées du 23 février 2025 sont plutôt clairs et représentatifs puisque, avec 82,5 %, le taux de participation a été particulièrement élevé. C’est le plus élevé depuis l’unification en 1990.
La « Saga Huawei » en Europe revisitée : les enseignements allemands pour le déploiement de la 6G
Bien que l’Union européenne ait tenté de coordonner une réponse commune dans le déploiement de la 5G en Europe via sa « boîte à outils 5G », les États membres ont suivi des approches divergentes, pris entre considérations politiques, économiques et technologiques. L’Allemagne – malgré ses liens économiques étroits avec la Chine et son statut de premier marché européen des télécommunications – n’a trouvé qu’un accord vague en juillet 2024, dont la portée semble surtout symbolique.