C’est un rêve qui ressort à chaque crise, une vieille rengaine qu’on chante un peu plus fort  quand le ton monte dans le concert géopolitique mondial. Depuis quelques semaines, les appels à la souveraineté numérique européenne se multiplient dans la bouche des politiques et des entreprises en France comme ailleurs en Europe. Le constat est clair : puces, smartphones, ordinateurs, clouds, logiciels, réseaux sociaux, messageries, plateformes… tout ou presque de ce que l’Europe consomme en matière de technologie vient de par-delà ses frontières. [...]

Travailler sur les technologies critiques en 2025 ne doit pas empêcher de regarder vers l’avenir. Sur l’intelligence artificielle, d’abord, où il n’y a plus de temps à perdre. « Il sera difficile d’entrer en compétition dans des secteurs où les Américains ont beaucoup d’avance et d’énormes moyens, comme sur les infrastructures », estime Hugo Le Picard, chercheur associé au centre géopolitique des technologies de l’Institut français des relations internationales (Ifri). À ses yeux, l’essentiel est ailleurs. « La valeur économique de l’IA se situera dans les usages, avec l’adaptation des modèles aux besoins des entreprises de différents secteurs, dans l’automobile ou l’énergie. » Aussi, et s’il est indispensable de disposer d’un acteur comme  le français Mistral AI pour faire la course aux meilleurs modèles de langage, il l’est tout autant de mobiliser les entreprises pour travailler avec des acteurs de type SAP, Dassault Systèmes ou encore Siemens, qui proposent des solutions très verticales dopées à l’IA. [...]

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