Entre Xi Jinping et Vladimir Poutine, les ressorts d’une amitié stratégique
Le président russe a été reçu mardi à Pékin avant d’assister à un grand défilé militaire, le lendemain. Ce sera au moins leur 45ᵉ rencontre depuis qu’ils sont au pouvoir. Cette proximité est le reflet de l’alliance que les deux pays ont nouée contre l’Occident.
Comme deux vieux compères, les présidents russe et chinois se sont retrouvés, tout sourire, au moment d’une chaleureuse poignée de main, lors d’un sommet régional à Tianjin, immense ville portuaire du nord-est de la Chine, dimanche 31 août, après l’atterrissage de Vladimir Poutine. Le maître du Kremlin semblait même plaisanter, lundi, lorsque lui et Xi Jinping ont partagé un moment de camaraderie avec le premier ministre indien, Narendra Modi, qui se détourne des Etats-Unis sous l’effet de l’augmentation des droits de douane du président américain, Donald Trump. Mais les vraies discussions sino-russes ont eu lieu mardi, à Pékin. Entre les deux puissances, entre deux amis, seul à seul. Leurs relations « sont à un niveau sans précédent », s’est alors félicité M. Poutine, tandis que Xi Jinping a loué leur « collaboration stratégique complète » et réaffirmé le désir d’œuvrer ensemble à la « construction d’un système de gouvernance globale plus juste et plus raisonnable », c’est-à-dire penchant moins vers l’Occident.
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« Il ne faut ni surestimer ni sous-estimer les relations entre la Chine et la Russie. Cette relation n’est pas seulement un rapprochement conjoncturel : elle a une vraie base de complémentarité économique et de proximité idéologique anti-occidentale », prévient Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie-Eurasie de l’Institut français des relations internationales. La première guerre commerciale engagée par Donald Trump contre Pékin (2018), puis les efforts américains pour freiner son rattrapage technologique, ont encore conforté la Chine dans l’idée que la menace se trouve avant tout de l’autre côté du Pacifique.
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L’appui diplomatique et économique à la Russie a pourtant un coût pour la Chine dans ses relations avec l’Occident. « La Chine est moins uniforme qu’elle n’en donne l’apparence. Certains pensent qu’on est allé trop loin dans le soutien dès lors qu’avait éclaté la guerre », commente un universitaire chinois, sous couvert d’anonymat pour évoquer un pilier fondamental de la diplomatie de M. Xi. La formule « amitié sans limites » s’est effacée. Un coût que la Chine est prête à payer : début juillet, le ministre des affaires étrangères, Wang Yi, affirmait l’évidence à la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas : pas question pour Pékin de laisser tomber la Russie, dont l’éventuelle défaite en Ukraine permettrait aux Occidentaux de concentrer leur attention et leurs forces sur sa propre ascension.
La Chine n’en montre pas moins, parfois, des signes d’impatience. En 2023, alors que Vladimir Poutine agite la menace nucléaire, M. Xi l’aurait personnellement mis en garde de ne pas recourir à la bombe. « Les tensions existent, rappelle Tatiana Kastouéva-Jean. Les Russes, de leur côté, ne sont pas satisfaits du volume des investissements chinois en Russie ou des conditions d’accès au marché chinois pour les produits russes. »
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