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La stratégie américaine de sécurisation des approvisionnements en minerais critiques peut-elle répondre aux besoins de l’IRA ?

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La dépendance des États-Unis aux approvisionnements étrangers de minerais critiques bruts et transformés presse Washington d’élaborer une stratégie pour sécuriser des solutions de court, moyen et long terme. La pression n’a fait qu’augmenter avec l’explosion de la demande, en partie stimulée par les politiques de l’Inflation Reduction Act (IRA).

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Les Etats-Unis et leurs approvisionnements en métaux critiques
Les Etats-Unis et leurs approvisionnements en métaux critiques
© J. J. Gouin/Shutterstock
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L’objectif des Etats-Unis de devenir un producteur d’électricité entièrement décarbonée en 2035 et d’atteindre la neutralité carbone en 2050 nécessite une révision complète de la structure de production et d’approvisionnement en minerais critiques au sein du pays, de même qu’à l’extérieur. Cette révision doit permettre de répondre à la demande future et renforcer la résilience américaine face à la Chine. Ce briefing évalue les progrès récents en la matière et la manière dont ils peuvent contribuer ou non à la mise en œuvre des objectifs de l’IRA.

Afin de sécuriser leurs approvisionnements en minerais critiques, les Etats-Unis demeurent dépendants de pays étrangers. Le graphite, le manganèse et les terres rares sont en effet peu présents dans le sous-sol du pays, tandis que les gisements de nickel ou de cobalt américains sont éclipsés par ceux de géants tels que la République démocratique du Congo, l’Indonésie, ou encore les Philippines.

Avec l’objectif de réduire les dépendances américaines dans le domaine des métaux, l’IRA, mise en place en 2022, adopte une approche nationaliste des ressources minières, en mettant en place une cible basée sur la valeur de marché en minerais critiques du contenu d’un produit, afin de pouvoir bénéficier des crédits d’impôts prévus par le programme.

De cette façon, d’ici à 2027, pour bénéficier de ces crédits d’impôts, un véhicule électrique devra disposer d’une batterie dont 80% de la valeur marchande en minerais critiques provient des Etats-Unis ou de pays avec lesquels ceux-ci disposent d’un accord de libre-échange. Avec une dépendance à l’égard des importations en provenance de pays ne disposant pas de ce type d’accords à 77% pour le cobalt et 46% pour le nickel et le lithium, les objectifs de l’IRA semblent peu susceptibles d’être atteints.

Cette obligation de 80% de la valeur marchande provenant de pays disposant d’un accord de libre-échange ou des Etats-Unis, ainsi que la disposition de la législation américaine visant les « entités étrangères préoccupantes » (foreign entities of concern) pourraient perturber considérablement l’approvisionnement en minerais critiques pour les fabricants américains de batteries et de véhicules électriques.

Sur le volet domestique, les Etats-Unis tentent de développer leur propre production minière, avec trois options possibles :

  • L’ouverture de nouvelles mines, ce vers quoi poussent la Maison Blanche et le Département de l’Energie.
  • Le retraitement des déchets miniers, avec environ 100 000 mines abandonnées à travers les Etats-Unis, dont l’exploitation s’est souvent concentrée sur un seul minerai.
  • La récupération des sous-produits des mines en exploitation, mais dont le potentiel dépend fortement de considérations économiques et de la faisabilité technique.

Ces trois options présentent chacune des bénéfices et des risques potentiels. Il faut y ajouter les difficultés à obtenir des permis d’exploitation rapidement, pour lesquels un temps d’attente de 7 à 10 ans est souvent nécessaire. De plus, l’opposition sociale à ces nouvelles ouvertures est généralement forte.

Pour finir, les capacités de recyclage américaines demeurent encore limitées et ne sont pas des pourvoyeurs suffisamment importants de métaux pour permettre une réelle refonte des systèmes de consommation aux Etats-Unis.

Ainsi, les efforts d’extraction et de raffinage domestiques et extérieurs, même associés à une poussée des industries du recyclage, se heurtent à des obstacles majeurs et il apparaît peu probable qu’ils réorganisent les chaînes d’approvisionnements en minerais critiques à court terme, ce qui compromettrait les objectifs fixés par l’IRA. Dans leur modèle actuel, il est peu probable que les dispositions de l’IRA soient remplies par les différents acteurs miniers et industriels et seul un assouplissement des règles d’approvisionnement permettrait un alignement sur les réalités géologiques et géopolitiques de la production de minerais critiques.

Cette publication est uniquement disponible en anglais : The United States’ Strategy for Securing Critical Minerals Supplies. Can It Meet the Needs of the IRA?

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ISBN / ISSN

979-10-373-0852-8

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Énergie et Climat
Centre énergie et climat
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Le Centre énergie et climat de l’Ifri mène des activités et recherches sur les enjeux géopolitiques et géoéconomiques des transitions énergétiques. Il travaille à la fois sur les enjeux de sécurité énergétique, de compétitivité, de maîtrise des chaînes de valeur, et d'acceptabilité. Spécialisé dans l’étude des politiques européennes de l’énergie et du climat, et des marchés de l’énergie en Europe et dans le monde, ses travaux portent aussi sur les stratégies énergétiques et climatiques des grandes puissances comme les Etats-Unis, la Chine ou l’Inde. Il offre une expertise reconnue, enrichie de collaborations internationales et d'événements à Paris et à Bruxelles, notamment.

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