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La République démocratique du Congo : de la fin de règne au règne sans fin ?

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Selon la Constitution, le second mandat de Joseph Kabila doit prendre fin en novembre 2016, date prévue de la prochaine élection présidentielle, et le président en exercice ne peut se représenter pour un nouveau mandat. 

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Joseph Kabila s'adressant aux Nations unies
Joseph Kabila s'adressant aux Nations unies
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Si les plans et ambitions du président Joseph Kabila ne sont pas clairs, il semble évident qu’il n’entend pas céder le pouvoir dans les délais impartis par la Constitution. Depuis 2014, la vie politique du pays est suspendue à cette incertitude électorale. Nous tenterons de dresser un panorama de la situation politique actuelle en République démocratique du Congo et d’identifier différents scénarios d’évolution possibles.

« Best case scenario » : une situation comparable à la fin de la transition

Dans le meilleur cas, la situation politique peut se développer vers une situation comparable à celle de la fin de la transition, qui avait mis fin à la guerre. Elle avait débuté le 1er juillet 2003 et devait se terminer le 30 juin 2005. Finalement le président élu a prêté serment un an et demi plus tard. L’opinion publique congolaise avait accepté ce délai pour deux raisons principales : il y avait un large consensus politique pour continuer la transition pendant une brève période ; et il y avait un processus crédible. Aujourd'hui, un consensus politique est également possible, bien que ce ne soit pas facile à obtenir. Cependant, il ne peut pas y avoir de processus crédible lorsque l'État boycotte les élections. Pour que ce scénario se produise, il faudra mettre en place un processus qui permettra l’organisation d’élections libres et équitables dans un délai raisonnable, avec la garantie que Kabila ne briguera pas un nouveau mandat.

  • La mise en place d’un processus crédible devra commencer par trois étapes indispensables :
  • L’organisation de l’opposition de façon efficace et convaincante à travers une approche commune et un programme politique.
  • Une négociation avec Kabila pour le convaincre d’accepter l’alternance. Une alternance non-violente ne devrait pas se réaliser si elle n’est pas négociée dans le détail avec le chef d’État actuel.
  • Si une approche commune et convaincante a été mise en place au sein de l’opposition et qu’une alternance a été négociée avec Kabila, il va falloir le « vendre » à l’opinion publique. La population devra adhérer aux solutions proposées pour arriver à un changement réel.

 

La situation actuelle : un scénario qui ressemble à la fin de règne de Mobutu

Si la classe politique congolaise n’arrive pas à mettre en place une procédure crédible, dans le meilleur des cas, rien de grave ne se passera. Le 19 décembre sera seulement suivi par quelques jours de troubles. Kabila restera au pouvoir, éventuellement après une certaine militarisation de son régime, mais on entrera dans une phase où toute forme de processus aura disparu. Dans les années 90, la Conférence Nationale Souveraine s’est terminée « en queue de poisson ». C’est également le cas aujourd'hui : chaque procédure entamée a été bloquée, techniquement ou politiquement, à tel point que personne ne sait plus quelle devrait être la prochaine étape. Le dialogue de Kabila est un bon exemple. En raison de sa mise en œuvre improvisée et non accompagnée de mesures de décentralisation, le résultat a été jusqu'ici un échec. Quand il n’y aura plus de processus, on ne saura plus quoi faire.

Entre-temps, les différents conflits locaux au Sud-Kivu au Nord-Kivu sont en train d’être réactivés. Les conséquences de la déroute du processus électoral au Burundi et la façon dont le Rwanda réagit ont augmenté aussi la possibilité d’une violence transfrontalière. Cette situation n’est pas si différente de celle que nous avons observée à la fin du régime de Mobutu.

 

« Worst-case scenario » : scénario d’implosion sous la pression de la rue

Le troisième scénario pourrait débuter avec des violences à grande échelle qui débuteraient dans l'une des grandes villes du pays (Kinshasa, Lubumbashi, Goma ou Bukavu) et qui pourraient déclencher une implosion rapide de l'État, et l'effondrement de ses institutions. Cela créerait une situation hautement imprévisible qui risquerait d’être destructrice en termes institutionnels, matériels et humains.

La confrontation entre protestation et répression pourrait non seulement dégénérer dans la violence, le chaos et l'anéantissement de tous les progrès accomplis depuis la fin de la guerre en 2003, mais, dans le pire des cas, elle pourrait même conduire le pays à une situation comparable à ce que la Somalie a connu il y a deux décennies. La suite nous a démontré que ceci ne laisse que des cendres sur lesquelles il est très difficile de bâtir.

Ces trois scénarios sont évidemment très schématiques et il existe d'innombrables variantes ou formes intermédiaires possibles. Cependant, le plus important aujourd’hui est que l'élite politique congolaise prenne ses responsabilités, construise un consensus pour une tenue d'élections crédibles dans un délai raisonnable, et qui mèneraient vers une alternance effective. Tout autre scénario implique un sérieux risque de chaos, de destruction et de violence.

 

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Afrique subsaharienne
Centre Afrique subsaharienne
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Créé en 2007, le centre Afrique subsaharienne de l’Ifri produit une analyse approfondie du continent africain, de ses dynamiques sécuritaires, géopolitiques, politiques et socio-économiques (en particulier le phénomène d’urbanisation). Le Centre se veut à la fois, via les différentes publications et conférences, un espace de diffusion d’analyses à destination des médias et du public mais aussi un outil d'aide à la décision des acteurs politiques et économiques à l'égard du continent.  

 

 

Le centre produit des analyses pour différents organismes tels que le ministère des Armées, le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’Agence française de développement (AFD) ou encore pour différents soutiens privés. Ses chercheurs  sont régulièrement auditionnés par les commissions parlementaires.

 

 

L’organisation d’événements de divers formats complète la production d’analyses en amenant les différentes sphères de l’espace public (académique, politique, médiatique, économique et société civile) à se rencontrer et à échanger outils d’analyse et visions du continent. Le Centre Afrique subsaharienne accueille régulièrement des responsables politiques de différents pays d’Afrique subsaharienne. 

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