L'enjeu culturel au coeur des relations internationales
Plus la sphère du mondialisé s’accroît, plus l’ampleur des différences à appréhender augmente. La compréhension et le maintien de la diversité culturelle sont donc aujourd’hui impératifs, d’où la nécessité de développer de véritables politiques culturelles, intégrant tous les acteurs: organisations internationales, États, sociétés civiles, secteur privé. L’éducation et la préservation du patrimoine (au sens extensif) constituent sans doute les enjeux les plus immédiats.
Il est devenu habituel d’associer, dans le champ des relations internationales, culture et politique, comme en témoignent les propos tenus, en mai 2005, par le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré, au siège de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization, UNESCO) : « le combat culturel est aussi un projet politique visant à donner un contenu social à l’Union et à constituer autour de l’Afrique un ensemble d’influence ».
Ces paroles fortes illustrent une prise de conscience largement partagée, et nous engagent à réfléchir sur la façon la plus opportune de repenser la place de la culture, délestée de son statut de soft issue pour reprendre le vocabulaire des juristes, sur l’agenda politique national et international.
Les inquiétudes nouvelles auxquelles nous faisons face – développement du terrorisme et des violences interethniques, inégalités homme/femme, pauvreté, pandémies, crise du dialogue interculturel, menaces sur la sécurité humaine, etc. – rendent nos sociétés plus opaques à elles-mêmes, incertaines de leur avenir et même de leur passé. Il est urgent de centrer notre action sur des problématiques globales, pour répondre à la quête de sens et d’intelligibilité de nos contemporains. Il est clair, surtout depuis le 11 septembre 2001, que l’enjeu culturel au sens large – politiques culturelles, promotion de la diversité culturelle, dialogue des cultures – s’est imposé au premier plan des préoccupations politiques. Chacun cherche aujourd’hui un cadre éthique universel dont les principes pourraient inspirer et irriguer l’ensemble des politiques nationales et internationales, dans une conjoncture où il devient impératif de réaffirmer l’égale dignité des cultures. Cette orientation s’est reflétée tout particulièrement lors du Sommet mondial sur le développement durable à Johannesburg, en 2002, au cours duquel il a été reconnu que la culture était le quatrième pilier du développement, aux côtés de l’économie, de l’écologie et du social.
Tout en gardant à l’esprit les dérives, divisions, parfois les crimes engendrés au nom de la culture, il est désormais impératif de répondre à cette demande sociale en faveur d’une reconnaissance plus large de ce qui fonde la diversité et le pluralisme. […]
PLAN DE L’ARTICLE
- Mondialisation et diversité culturelle
- De la culture aux politiques culturelles
- De la diversité culturelle au dialogue interculturel ?
- Quels partenaires ?
- Perspectives
Koïchiro Matsuura, ancien Premier secrétaire de la délégation japonaise à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), mène une longue carrière au ministère des Affaires étrangères du Japon: en 1994 notamment, il représente le Japon au sommet du G-7. En 1999, il est élu Directeur général de l’UNESCO et exerce aujourd’hui son second mandat.
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La mission principale d'un fonds souverain est de constituer une épargne nationale à long terme destinée aux générations futures, en diversifiant ses investissements sur les plans sectoriel et géographique. Dans cette logique, les pays du Golfe ont alimenté pendant de nombreuses années leurs fonds souverains grâce aux gigantesques rentes pétrolières, notamment lorsque les cours du brut étaient au plus haut, atteignant un record historique de 143 dollars le baril en 2008.
Lors de la crise financière de 2007-2008, leur intervention a été déterminante dans le sauvetage du système financier, avec l'injection de plusieurs dizaines de milliards de dollars dans le capital des institutions financières. Depuis, ils n'ont cessé de gagner en crédibilité, en sophistication et en technicité. Ainsi sont-ils à la pointe en matière d'investissement dans l'Intelligence artificielle (IA) et la transition énergétique. De nouvelles orientations dans leurs stratégies d'investissement peuvent avoir des répercussions majeures sur l'écosystème financier mondial.
Aujourd'hui, les fonds souverains du Golfe sont devenus de véritables titans de la finance. Leur influence grandissante reflète un poids financier colossal et une montée en puissance aussi fulgurante que structurée. Voici dix ans, ils contrôlaient collectivement environ 2 000 milliards de dollars d'actifs sous gestion (assets under management, AUM). En 2025, ce montant a plus que doublé pour atteindre plus de 5 350 milliards de dollars, soit près de 40 % des AUM des fonds souverains dans le monde, estimés à 13 000 milliards de dollars. Le golfe Arabo-Persique est ainsi devenu le centre de gravité mondial des fonds souverains.
François-Aïssa Touazi est senior managing director chez Ardian, leader européen du capital-investissement, en charge des relations investisseurs et des affaires publiques. Il est aussi vice-président des conseils France-pays du Golfe au Medef International et préside la task force sur les fonds souverains.
Article publié dans Politique étrangère, vol. 90, n° 4, 2025.