Terminator Ethics : Faut-il interdire les « robots tueurs » ?

Les systèmes d’armes létaux autonomes font débat, certaines organisations non-gouvernementales (ONG) réclamant leur interdiction préventive.
La notion d’autonomie est pourtant très complexe : il n’existe pas de système d’arme totalement soustrait à l’intervention humaine. En termes moraux et vis-à-vis du droit international humanitaire, ces systèmes posent des problèmes peu différents des autres armes utilisées par l’homme. Il semble donc préférable de les encadrer, plutôt que les interdire a priori.
Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, docteur en science politique et en philosophie, juriste, enseigne les relations internationales, l’éthique et le droit de la guerre à Sciences Po Paris. Membre de l’Institut international de droit humanitaire de San Remo, il est l’auteur d’une quinzaine de livres, dont La Guerre au nom de l’humanité (Paris, PUF, 2012), distingué par le prix Maréchal Foch de l’Académie française.
Article publié dans Politique étrangère, vol. 79, n° 4, hiver 2014
Plan de l’article
De quoi parle-t-on ?
La notion d’autonomie
La définition
Le faux problème du système d’arme « pleinement » autonome
Le débat moral
Le respect du droit international humanitaire
Contre une interdiction préventive
Mettre en place des garde-fous
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesÀ la recherche de sécurité économique : le rôle des marines dans la dissuasion des menaces pesant sur l’économie maritime
Le domaine maritime est actuellement confronté à une grande variété de menaces, telles que le changement climatique, la guerre économique, les opérations de flottes fantômes, la protection des infrastructures critiques, ainsi que des activités illicites allant de la pêche illégale à la piraterie. Les marines souffrent de limites intrinsèques lorsqu’il s’agit de dissuader les menaces pesant sur l’économie maritime mondiale : leur présence mondiale et leur permanence sont restreintes, ce qui limite leur crédibilité en matière de dissuasion ; elles se concentrent généralement sur la dissuasion immédiate ; enfin, la mise en œuvre d’une dissuasion par la punition, dans et depuis le domaine naval, s’avère difficile et coûteuse.
Sécuriser l’économie maritime au XXIe siècle. Le défi des profondeurs
L’élargissement progressif du panel des activités économiques en mer concerne de plus en plus le volume sous-marin et les fonds marins, avec des enjeux majeurs pour les sociétés modernes, notamment dans les secteurs énergétiques ou numériques. Ces développements s’accompagnent de la mise au point accélérée de capacités autonomes sous-marines, capitalisant sur la maturité et l’accessibilité des technologies du segment dual des drones aériens.
Désigne, détruit, domine : la dronisation massive des opérations comme potentielle révolution militaire
La dronisation observée en Ukraine, par l’ampleur des flottes engagées et son omniprésence dans les opérations des deux belligérants, semble réunir les conditions d’une véritable révolution militaire.
Économie des échanges de salves : vers la fin de la polyvalence des munitions ?
Les conflits de la décennie 2020 voient l’apparition d’échanges de salves d’effecteurs automatisés conventionnels (missiles, drones, etc.) à des fins offensives et défensives, dont les profils de vol et les performances se diversifient rapidement.