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Chine-Allemagne : les liaisons dangereuses ?

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interviewée par Jérémy Bouillard dans

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Olaf Scholz était reçu ce vendredi 4 novembre par Xi Jinping à Pékin. Une visite qui fait polémique jusque dans sa coalition où l’on s’inquiète des liens étroits entre l’Allemagne et la Chine, deuxième marché du « made in Germany ».

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Pourquoi l’Allemagne soigne-t-elle sa relation avec la Chine ?

Elle mise beaucoup sur cette relation parce que, tout simplement, ce sont des liens commerciaux étroits en termes d’exportation et d’importation. Un constructeur comme Volkswagen vend 40 % des ses voitures en Chine et produit 38 % de ses voitures en Chine. Le marché chinois est effectivement important pour les entreprises allemandes mais néanmoins, il s’agit de ne pas être naïf par rapport à la Chine.

Le voyage d’Olaf Scholz en Chine pour aller voir Xi Jinping, après la tenue du XXe Congrès du Parti communiste chinois où Xi Jinping se voit renforcé, pose question. Quel va être l’ordre du jour ? Est-ce que le timing est véritablement le bon alors que justement l’Allemagne fait face à des critiques par rapport à sa dépendance à l'égard de la Russie ? Aujourd’hui, Olaf Scholz fait face à des nombreuses critiques au sein même de sa coalition puisqu’en effet, il y va avec une délégation d’industriels allemands. Il n’y va pas en compagnie d’Emmanuel Macron ou d’autres décideurs européens.

Et puis, il y a deux semaines, Olaf Scholz a également donné le feu vert pour que l’armateur chinois Cosco prenne une participation dans un terminal de conteneurs du port de Hambourg. C’est une infrastructure critique et donc le risque, effectivement, c’est que Cosco ait accès à des données sensibles. Donc la question du traitement des données va se poser, la question, aussi, d’une possible perturbation du trafic et des flux commerciaux via le port de Hambourg se pose.

Quels sont les risques de cette forte dépendance à la Chine pour l’Allemagne ?

Volkswagen, BMW et Daimler-Benz sont présentes sur le marché chinois et donc ça passe par un transfert de compétences, un transfert technologique vers des entreprises chinoises. Et on sait que la Chine poursuit une stratégie de double circulation, c’est-à-dire à la fois d’ouverture et de fermeture. D’ouverture d’un côté puisqu’il s’agit d’acquérir des technologies, des savoir-faire d’entreprises occidentales pour s’en inspirer, pour les maîtriser à terme. Et fermeture lorsqu’il s’agira d'évincer ces entreprises une fois ces technologies acquises et maîtrisées par des acteurs chinois.

Donc le risque, c’est effectivement de se voir remplacé par des entreprises chinoises. Il y a aussi d’autres problématiques qui sont liées à l’infrastructure critique, on vient de l'évoquer, avec Cosco. Il y a la question aussi de la sécurité qui va se poser avec la 5G et le fait que les entreprises européennes et allemandes, se sont fait dépasser par la Chine en matière de compétitivité dans un certain nombre de domaines : l’intelligence artificielle, la reconnaissance faciale, la 5G.

Et ce sont des domaines dans lesquels se posent des questions éthiques, relatives à la protection des données personnelles. On a l’impression qu’Olaf Scholz perpétue la politique allemande de la Chine d’Angela Merkel. C’est-à-dire une vision assez court-termiste et qui est motivée par des intérêts économiques des entreprises allemandes. Mais, à plus long terme, cela mène également à des vulnérabilités. Et ces mêmes entreprises allemandes seront impactées par ces vulnérabilités.

Est-ce que l’Allemagne a véritablement tiré les leçons de la guerre en Ukraine et tiré les leçons de sa dépendance par rapport à la Russie ?

L’Allemagne pourrait-elle aujourd’hui prendre ses distances avec la Chine ?

Si vous prenez les investissements directs à l'étranger en Chine, la plupart de ces investissements sont européens. Et donc ça, ça apporte des emplois, des revenus fiscaux, des activités de recherche et de développement. Donc c’est extrêmement important. Il s’ agit donc d’une interdépendance.

Il y a aussi le fait que la Chine ambitionne d’exporter son surplus de production industrielle vers l’Union européenne. Donc elle a intérêt à ce que cette Union européenne ait les moyens d’acheter des biens produits en Chine. Dans le contrat de coalition entre le SPD, les Verts et le FDP, il est question d'élaborer une « stratégie Chine » de l’Allemagne qui soit aussi une stratégie avec une approche européenne.

Il s’agit de réduire les dépendances des entreprises allemandes par rapport à la Chine, donc d’anticiper le scénario du pire, comme ce qu’on est en train de vivre avec la Russie potentiellement. C’est-à-dire des sanctions, des pratiques de coercition. Il y a aussi cette stratégie de diversification de l’Allemagne. C’est-à-dire qu’elle va être aussi à la recherche de nouveaux marchés, de nouveaux débouchés, mais également de nouveaux fournisseurs.

 

 

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Marie KRPATA

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