13
juin
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Jean-Christophe NOËL, invité de Julie Gacon dans "Cultures Monde" sur France Culture

De Tel Aviv à Séoul, les pionniers du numérique sous pression

Pilier du développement économique, mais aussi de la stratégie sécuritaire et diplomatique de l’Etat hébreu, l’industrie israélienne du numérique cherche, non sans mal, à se maintenir à la pointe de la compétition internationale.

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L’élection d’un gouvernement d’extrême-droite en novembre 2022 et la réforme de la justice qui s’en est suivie a provoqué une levée de boucliers en Israël, en particulier au sein du secteur des hautes technologies. Des figures comme Dov Moran, l’inventeur de la clé USB, s'inquiètent des conséquences déjà visibles pour leur industrie. Un fonds d’investissement norvégien s’est retiré du pays, ainsi que plusieurs start-up dont certaines de ces fameuses licornes qui rendent l’Etat hébreu si fier.

Forgée par plusieurs décennies de politiques publiques ciblées, l'industrie des hautes technologies a connu un essor fulgurant au point de devenir l’un des fleurons économiques israéliens. Le secteur privé a pris la suite et aujourd’hui, le pays détient le record mondial de start-up par habitant. Mais le secteur du numérique est aujourd'hui à la peine. Fragilisé par le retrait de l'État, il pâtit des pressions américaines pour éloigner la Chine du marché israélien. Le scandale autour du logiciel de cyber-espionnage Pegasus lié à la société israélienne NSO a également entrainé le secteur dans la tourmente, rappelant au passage ses liens historiques avec l'armée et le renseignement.

Comment l’Etat israélien a-t-il favorisé l’éclosion d’une industrie florissante des nouvelles technologies ? Quels bénéfices économiques mais aussi stratégiques en a-t-il retiré ? Et quel est l’avenir de ce secteur ?

Avec :
  • Jacques Bendelac,  docteur en économie et essayiste israélien, auteur de nombreux ouvrages
  • Jean-Christophe Noël, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (IFRI)
  • Juliette Schwak, enseignante chercheuse spécialiste de l’économie politique sud-coréenne

Selon Jean-Christophe Noël, l’armée israélienne joue le rôle d’incubateur pour la main-d’œuvre du secteur des hautes technologies :

L’armée repère les jeunes hommes et femmes présentant des dispositions pour le cyber et les intègre au sein de l’unité 8200 pour toute la durée de leur service militaire, sur le front numérique d’Israël. Quand ils entrent sur le marché du travail à 21 ans, ils sont à la pointe de l'innovation.

Israël est devenu très vite un leader dans les hautes technologies, avec un secteur qui représentait il y a encore deux ou trois ans 15 % du PIB israélien, la première place mondiale en part de PIB allouée à la recherche et au développement avec 66 "licornes" - ces entreprises dont la valorisation dépasse le milliard de dollars en 2021 contre 19 en France.

Quand ils font leur service militaire, 32 mois pour les garçons et 24 pour les filles, les jeunes conscrits peuvent choisir de le faire dans l'aviation ou les forces spéciales, mais aussi dans le cyber ou les hautes technologies... 

"Ils ont entre 18 et 21 ans, et ils sont sur le front numérique d'Israël, où ils vont apprendre à combattre avec les meilleures applications, avec les meilleurs softwares, etc. Ils vont développer un savoir-faire qui fait qu'à 21 ans ils sont en quelque sort au summum de leurs connaissances. Il y a ensuite tout un écosystème qui va pouvoir les "attraper", ou en tout cas leur fournir l'environnement pour développer leur talent", explique Jean-Christophe Noël

 

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Mots-clés
nouvelles technologies Numérique Israël