27
mar
2018
Espace Média L'Ifri dans les médias
Carole MATHIEU, citée par Thomas Estavel dans Le Figaro 

EDF se branche sur les batteries

D'ici à 2035, le groupe compte devenir leader européen du stockage d'énergie pour pallier l'intermittence des renouvelables. EDF travaille à réduire la part du nucléaire dans son activité. En décembre, le groupe avait annoncé un plan d'envergure dans le solaire: installer 30 gigawatts (GW) de centrales photovoltaïques sur le territoire français d'ici à 2035, soit l'équivalent de trente réacteurs nucléaires.

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L'électricien a dévoilé mardi ses ambitions dans le stockage d'électricité, qui va devenir crucial avec le recours croissant aux énergies renouvelables. L'entreprise publique compte devenir «leader européen du secteur» d'ici à 2035, lance Jean-Bernard Lévy, PDG d'EDF.

Pendant cette période, elle développera 10 GW de nouveaux moyens de stockage dans le monde, majoritairement des batteries au lithium: 6 GW seront dédiés aux réseaux électriques, 4 GW aux équipements d'autoconsommation pour les ménages, les entreprises et les collectivités locales. L'investissement s'élèvera à 8 milliards d'euros.

EDF mettra en service, dans les douze prochains mois «au moins trois projets de batteries pour la performance et l'équilibre du système électrique»

À plus court terme, EDF mettra en service, dans les douze prochains mois, «au moins trois projets de batteries pour la performance et l'équilibre du système électrique», souligne le groupe. La société étendra également au Ghana son offre de panneaux solaires couplés à des batteries pour alimenter des zones dépourvues de réseau électrique. Elle a déjà installé 15.000 kits de ce type en Côte d'Ivoire.

EDF poursuit donc sa mue. «La nouvelle frontière que le groupe dessine est celle d'un système énergétique 100 % décarboné à l'horizon 2050», martèle Jean-Bernard Lévy. Une référence directe aux objectifs de l'accord de Paris qui fixe comme objectif de limiter à 2° le réchauffement climatique d'ici à la fin du siècle. Cette diversification est poussée par l'État actionnaire. La programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), révisée cette année, devrait acter une chute du nucléaire dans le mix énergétique. Selon BFM Business, l'administration ciblerait une part de 56 % d'atome dans la production d'électricité en 2035, contre 72 % l'an dernier. Une révolution. Et encore, cela correspond au scénario le moins ambitieux parmi ceux élaborés par RTE, l'entreprise chargée en France de la gestion des lignes à haute tension.

C'est dans ce contexte que le stockage prend toute son importance. La montée en puissance des énergies renouvelables (solaire et éolien en tête) pour compenser le déclin du nucléaire rendra la production électrique plus intermittente et moins prévisible, car elle dépendra des conditions climatiques (ensoleillement, vent).

Pièce maîtresse du puzzle, le stockage contribue au lissage de la production car il permettra de conserver les excédents de production pour les restituer lors des pics de consommation.

  • «D'ici 2030, les énergies renouvelables poseront des contraintes fortes en matière de stabilité du réseau. EDF doit anticiper le mouvement s'il veut maîtriser les enjeux de stockage», résume Carole Mathieu, chercheuse au centre énergie de l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Depuis 1976, EDF stocke de l'énergie par le biais d'installations hydrauliques, les stations de transfert d'énergie par pompage (Step). Il s'agit de petits barrages qui lâchent de l'eau pour produire du courant en cas de besoin et utilisent l'électricité en surplus pendant les heures creuses pour faire remonter l'eau dans un réservoir supérieur. Comme l'explique Nicolas Goldberg, manager chez Colombus Consulting, «98 % des capacités mondiales sont des Step». EDF en exploite six, qu'il a mis en service entre 1977 et 1987. Pouvant mobiliser 5 GW en moins de dix minutes, ils représentent 3 % de la capacité mondiale des Step.

Le marché mondial du stockage de l'énergie sera multiplié par six entre 2016 et 2030, pour atteindre 125 GW

Une autre technologie est en pleine ascension: les batteries au lithium, celles-là mêmes qui alimentent les appareils électroniques. Fabriquées par des géants comme Panasonic et des acteurs de plus petite taille comme Saft (filiale de Total), elles deviennent de plus en plus compétitives: leur coût a été divisé par cinq entre 2010 et 2017, grâce au développement des véhicules électriques. «C'est un marché balbutiant: les objectifs avancés par EDF en GW apparaissent extrêmement ambitieux», analyse Nicolas Goldberg. D'après l'agence d'information financière Bloomberg, le marché mondial du stockage de l'énergie sera multiplié par six entre 2016 et 2030, pour atteindre 125 GW.

À ce jour, la plus grande batterie existante, assemblée par Tesla en Australie, affiche une puissance de 100 mégawatts (nos éditions du 10 juillet 2017). EDF, de son côté, terminera cet été l'assemblage d'une unité de stockage par batterie de 49 MW à West Burton au Royaume-Uni, sur le site d'une centrale à gaz cycle combiné. Sa plus grosse référence à ce jour.

 

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