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mar
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Le président ukrainien Zelenski devant la chambre basse du Japon, Tokyo, 23 mars 2022
Céline PAJON, citée par Arnaud Vaulerin dans Libération

Avec la guerre en Ukraine, la diplomatie japonaise à un tournant

Contrairement à sa position lors de la guerre de Crimée en 2014, Tokyo a opté pour la fermeté et les sanctions. Ce qui met fin à son rapprochement ambigu avec Moscou après la Seconde Guerre mondiale.

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Une surprise diplomatique en forme de clarification. En l’espace de quelques jours, le Japon vient d’apporter une réponse rapide et ferme à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Pourtant, l’archipel qui, depuis 1945, n’a jamais été un acteur des relations internationales adepte des coups de menton et des coups de semonces, s’était montré tiède et timoré lors de la crise en Crimée en 2014. Aujourd’hui, il s’est aligné sur les Occidentaux pour l’adoption de fortes sanctions.

« C’est un réel changement de pied, constate la chercheuse Céline Pajon, spécialiste du Japon à l’Institut français des relations internationales (Ifri). La guerre en Ukraine a précipité la fin des illusions vis-à-vis de la Russie. La position de Tokyo aujourd’hui est une rupture avec l’ère Abe |Premier ministre de 2012 à 2020, ndlr] et sa politique de la main tendue avec Vladimir Poutine, avec lequel il s’était montré très proactif, dans une relation de confiance, une affaire personnelle même. »

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En décembre 2016, Shinzo Abe avait mis les petits plats dans les grands pour accueillir le président russe. Malgré les agacements des Etats-Unis de Barack Obama, Poutine avait eu le rare privilège d’être l’invité d’honneurà Nagato, dans le fief électoral et historique du clan Abe, notamment pour goûter aux plaisirs si peu diplomatiques des onsen, ces bains de sources d’eau chaude.

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« Il y avait un but stratégique, pragmatique de la part de Shinzo Abe, rappelle Céline Pajon. Il souhaitait empêcher à tout prix qu’un front commun Chine-Russie se constitue en Asie. Les négociations ont été un échec. Il n’y a eu aucun progrès sur le retour de la souveraineté japonaise dans cette zone et pas d’avancées tangibles sur les projets économiques conjoints. »

Avant la guerre [en Ukraine], le Japon avait déjà commencé à s’inquiéter des rapprochements sino-russes.

« Ces dernières années, il y a eu des patrouilles communes autour de l’archipel, des vols au-dessus d’îlots disputés comme Takeshima-Dokdo [en Corée du Sud, revendiqués par le Japon], une coordination de plus en plus claire entre Chinois et Russes, énumère Céline Pajon. La crise en Ukraine a accéléré cette prise de conscience. »

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