Après le demi-tour de Prigojine et l’arrêt surprise de la marche de Wagner sur Moscou, la poussière est loin d’être retombée. Volte-face déroutante donc hier soir. Après avoir frontalement défié l’autorité de Vladimir Poutine, en appelant à renverser le commandement militaire russe et en lançant ses trouves vers Moscou, le chef et fondateur du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine, y a renoncé sous prétexte ne pas faire couler le sang russe. Le quartier général de l’armée à Rostov, centre névralgique des opérations en Ukraine, dont il s’était emparé le matin, a donc été libéré dans la soirée. Prigojine s’exile au Belarus, d’où le président Loukachenko l’aurait convaincu de stopper son coup de force. Tandis que Moscou passe l’éponge : il n’y aura pas de poursuite contre les combattants de Wagner, compte tenu de leurs mérites sur le front ukrainien.

Quelques heures plus tôt pourtant, lors d’une allocution solennelle et télévisée, Vladimir Poutine avait fustigé les traitres de Wagner, qui donnent un « coup de poignard dans le dos de notre pays et de notre peuple », comme ce qui est arrivé à la Russie en 1917 et qui a fini en guerre civile. Mais Poutine ne dit pas s’il se prend pour Nicolas II, renversé par la révolution de février. Ou pour Kerenski, fragilisé par la révolte du général Kornilov, et balayé en octobre par les Bolcheviks.