Banalisation et restructuration des industries de défense
Une étude qui montre que la recherche de l'efficacité de l'industrie de défense passe par une plus grande intégration des capacités productives civile et militaire.
L'industrie de défense n'est désormais plus une exception économique; elle s'insère dans la logique de l'économie de marché et les entreprises deviennent plus réactives aux pressions de la concurrence. Dans quelle mesure cette banalisation de l'industrie de défense permet-elle de comprendre le mouvement de restructuration des années 1990 ?
La conjonction des nécessités stratégiques de la guerre froide et des procédures d'acquisition élaborées par les ministères de la Défense a engendré des barrières entre les industries de défense et les activités commerciales, qui constituent des obstacles à l'achat des composants commerciaux comme à l'exploitation de la dualité des technologies. Pourtant, depuis la fin des années 1960, la dynamique de l'innovation a renversé le schéma traditionnel des retombées de la recherche militaire vers les secteurs civils –le paradigme du spin-off a fait place à une dynamique du spin-on. La réduction des budgets militaires et des crédits d'équipement constitue le second facteur de banalisation des industries de défense. Les crédits militaires sont désormais plus souvent au principe général de l'arbitrage budgétaire. D'où la recherche d'une plus grande efficacité de la production des systèmes d'armes.
Cette étude montre que la recherche de l'efficacité, que ce soit en termes de coûts ou en termes d'innovation, milite en faveur d'une plus grande intégration des capacités productives civile et militaire. Dans cette perspective, une politique industrielle dans le secteur de la défense devrait comporter une révision de la demande que les pouvoirs publics adressent aux entreprises –aux niveaux national et européen. L'ampleur et l'efficacité du processus de restructuration dépendent notamment de cette évolution de la demande, qui influence la stratégie de recentrage des systémiers sur les activités de défense et les possibilités de coopération internationale –européennes, voire transatlantiques.
Frédérique Sachwald est responsable des Etudes économiques à l'Ifri et professeur associée à l'Université Paris Nord.
La série transatlantique des "Notes de l'Ifri" propose des analyses concises, en français ou en anglais, des principaux débats transatlantiques et des enjeux des politiques publiques menées tant aux Etats-Unis qu'en Europe. Cette série reçoit le soutien du German Marshall Fund of the United States.
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