Que se passe-t-il en Amérique latine ?
Philippe Gélie reçoit Maricel Rodriguez Blanco, Jean-Louis Martin et Anne Cheyvialle pour comprendre la situation géopolitique en Amérique latine.
Trump en guerre contre le Venezuela et la Colombie ?
Pour Jean-Louis Martin, l’aide américaine à la Colombie, récemment interrompue, était présentée comme un soutien aux paysans, mais elle était surtout "un message adressé au gouvernement colombien" pour continuer de lutter contre le trafic et en évitant la culture de la coca.
Il précise que Washington se limite à des sanctions "personnelles envers Petro", car "on a expliqué à Trump que des sanctions commerciales seraient contre-productives".
Concernant le Venezuela, il juge qu’un recours à la force américaine serait "disproportionné", d'autant plus que les États-Unis ont "d'autres moyens d'intervenir" mais "il est difficile de mesurer jusqu’où [Trump] peut aller".
Par ailleurs, il estime qu'"assassiner Maduro ne réglerait rien" tant "une partie de l’armée est impliquée dans des trafics". Il rappelle aussi qu’un "libérateur venant des États-Unis ne serait pas bienvenu en Amérique latine", citant le précédent de Panama en 1989.
Pour lui, la politique américaine dans la région conserve une logique idéologique pour le Donald Trump qui divise le monde en "amis qui pensent comme nous" et "les ennemis". Mais il souligne que Washington reste modéré dans ses sanctions vis-à-vis de la Colombie, car le président Petro ne pourra pas se représenter en 2026. Trump va au-delà de la doctrine Monroe ou de celle de Roosevelt : non seulement il voit l'Amérique latine comme "sa zone d'influence" mais en plus, "il faut faire comme lui".
En Argentine, Milei renforcé par la suite de son mandat ?
En Argentine, il souligne la baisse de l’inflation, une amélioration qui intervient "dans un pays en récession" et qui repose sur deux piliers : "la remise en ordre des finances publiques" et la lutte contre "la fuite des Argentins face à leur propre monnaie". Il note que le soutien financier américain "donne un bol d’air" à la Banque centrale pour stabiliser le peso, mais que "la défiance vis-à-vis de la monnaie nationale pourrait repartir très vite".
Il estime que Javier Milei "n’a pas l’image d’un corrompu" dans son pays, mais évoque "une affaire de corruption classique" autour de contrats de santé impliquant sa sœur. L’Argentine cherche désormais à attirer "des investisseurs étrangers dans des secteurs qui ont du potentiel" comme le cuivre, l’argent, le lithium et le gaz.
Le Brésil de Lula, puissance régionale face à Trump ?
Lula est un négociateur "très habile", selon Jean-Louis Martin, qui a "su trouver comment aborder Trump". Il pourrait jouer un rôle de médiateur au Venezuela mais cela n'a pas été fructueux pour l'instant.
Texte citation
[Le retour de l'Amérique en Amérique latine] semble être une affaire désespérée. [...] Je suis frappé par l'augmentation de la présence chinoise à tous les niveaux, pas simplement sur des grands projets miniers, énergétiques ou d'infrastructure. [...] Vous voyez de plus en plus de voitures chinoises dans les rues, dans tous les pays de la région. [...] Le retour de l'Amérique est un peu rêvé [même s'il] peut y avoir des frictions sur les chantiers avec le personnel local et les investisseurs chinois.
Chercheur associé, Programme Amériques et Centre énergie et climat de l'Ifri
Les invités :
- Jean-Louis Martin, chercheur au sein du Programme Amériques ;
- Maricel Rodriguez Blanco, sociologue et maîtresse de conférences à l'Institut Catholique de Paris ;
- Anne Cheyvialle, journaliste d'économie internationale au Figaro.
> Voir l'émission sur le site du Figaro.
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