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Leopard 2 allemand, K2 sud-coréen, EMBT… char Leclerc en « soins palliatifs » cherche candidats à sa succession

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cité par Vincent Lamigeon dans

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Une étude de l’Ifri sur l’avenir du char de combat détaille les pistes pour la succession d’un char Leclerc à bout de souffle. De l’achat sur étagère en Allemagne ou en Corée du Sud à la solution souveraine, gros plan sur les choix possibles.

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Varsovie, Pologne, 15 août 2024. Des militaires polonais présentent des chars K2 Black Panther sur Wislostrada dans le centre de Varsovie lors d'un défilé militaire le jour de l'armée polonaise.
Des militaires polonais présentent des chars K2 Black Panther sur Wislostrada lors d'un défilé militaire le jour de l'armée polonaise, Varsovie - 15 août 2024
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Quel successeur pour le char Leclerc ? La question n’en finit plus de donner des maux de tête à l’armée de terre. Alors que le franco-allemand MGCS (Main Ground Combat System), encore très hypothétique, n’est pas attendu avant 2045, le char lourd développé par l’ex-GIAT donne d’inquiétants signes de faiblesse, qui pourraient pousser la France à lancer un programme de transition, selon un rapport du think tank Ifri (Institut français des relations internationales) consacré à l’avenir du char de combat et publié le 17 novembre.

Le constat de départ de la note, signé du chercheur Léo Péria-Peigné, est sans appel : le char Leclerc est, selon l’expression de l’auteur, en « soins palliatifs ». Depuis l’arrêt de sa production en 2008, l’engin est victime du sous-investissement chronique du ministère des Armées sur ce que les militaires appellent le segment lourd (chars de combat et blindés VBCI). Pour maintenir en état une flotte d’environ 200 chars, la quasi-totalité des engins stockés dans les réserves a été « cannibalisée », servant de stocks de pièces pour les chars en service .

L’armée de terre manque notamment de turbines, des pièces essentielles du moteur, qui ne sont plus produites. « D’après certains entretiens, la dernière turbine aurait été prélevée sur le Leclerc du musée des blindés de Saumur entre 2022 et 2024, symptômes d’un manque de pièces devenu problématique », relève Léo Péria-Peigné.

« La pire des solutions » : ne rien faire

Si les chiffres de disponibilité ne sont plus publiés par le ministère, le taux de Leclerc en état de marche se serait effondré depuis 2019, dernier chiffre connu (55 %). « La disponibilité des plateformes semble remonter mais reste très limitée, et les estimations réalisées dans le cadre de cette étude la situent entre 25 et 35 % en 2025 », indique le rapport.

Un programme de modernisation du char Leclerc, dit Leclerc XLR, est bien en cours, mais il « ne résout pas les obsolescences les plus critiques, comme la motorisation », souligne la note de l’Ifri. KNDS France avait d’ailleurs présenté au salon Eurosatory 2024 une proposition plus ambitieuse, dite Leclerc Evolution, qui n’a pas provoqué un enthousiasme débordant à Balard.

Comment sortir de l’ornière ? Le rapport, long de 75 pages, étudie en détail les principales pistes possibles. La première possibilité serait de ne rien faire, et se contenter de la modernisation en cours. « La pire des solutions, car il sera difficile de faire tenir le Leclerc jusqu’en 2045 » , assure Léo Péria-Peigné à Challenges. Une remotorisation est possible, mais elle serait onéreuse : 1,5 milliard d’euros selon une étude interne aux forces terrestres citée par le rapport.

Vers un achat de Leopard 2 allemands ?

Une autre solution serait un achat sur étagère à l’étranger. Trois options seraient alors possibles. La première serait une acquisition du Leopard 2 allemand, évoquée en filigrane par l’ancien DGA Emmanuel Chiva dans une interview à Challengesen avril dernier . Cette solution, « la plus simple et la plus immédiate » selon la note, se heurte à deux difficultés : le carnet de commandes de KNDS Deutschland et de Rheinmetall, qui produisent le char, est déjà plein, rendant illusoire toute livraison avant 2030 au mieux. D’autre part, le retour industriel serait probablement limité, sauf à commander un grand nombre de blindés, ce qui acterait une disparition définitive de l’industrie française du segment des chars de combat.

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La deuxième option, plus osée, serait de commander le K2 sud-coréen, déjà acheté par la Pologne. « Une commande coréenne pourrait être amorcée, voire complétée dans des délais assez courts, les premières livraisons pouvant être prélevées sur les stocks de l’armée de Séoul »,souligne la note, qui pointe aussi la possibilité pour la France de participer au développement du successeur du K2, le K3, en partenariat avec Séoul et Varsovie. La troisième option, très improbable vu les relations franco-américaines et le poids du char (12 tonnes de plus que le Leclerc), serait un achat de chars Abrams américains. La note de l’Ifri l’écarte.

Un autre scénario serait le développement d’une solution de transition purement française. Léo Péria-Peigné esquisse quelques grands axes de travail : le char devrait rester relativement léger (45 à 55 tonnes tout de même), intégrer une protection active (système de détection de destruction de drones ou de missiles visant le char), et embarquer des drones, notamment un drone filaire d’observation, ainsi qu’un armement secondaire puissant (canon de 20 mm, voire tourelleau de 30 mm).

Dix ans au moins pour faire un char 100 % français

Cette option française, séduisante au premier abord, se heurte à une question essentielle : l’industrie française, qui n’a pas développé de char chenillé depuis 30 ans, a-t-elle encore les compétences nécessaires pour le faire ? « Les nombreux entretiens menés dans le cadre de cette audition n’ont pas permis de trancher », indique la note. Le rapport rappelle juste qu’une étude de l’industrie de défense terrestre datant de 2023 qui estimait que le développement d’un char de transition, sans rupture technologique, prendrait au moins une décennie. « Si ce délai est long, il reste cependant soutenable au regard de l’état du parc et des deux décennies à attendre le MGCS », estime le document.

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L’autre question est celle des moyens financiers. Malgré les hausses de budget de la loi de programmation militaire 2024-2030, et les efforts supplémentaires annoncés par le gouvernement, un tel projet serait difficile à financer. Pour résoudre l’équation, la note de l’Ifri évoque un possible partenariat avec les Emirats arabes unis, l’unique pays client à l’export du Leclerc. Avantage : Abu Dhabi a les poches profondes. Mais les Emirats seraient probablement très gourmands sur les demandes de retour industriel, et leur intérêt à travailler avec la France sur le sujet reste incertain. Une alternative pourrait être un programme lancé avec la Pologne ou la Roumanie.

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> Lire l'article dans son intégralité sur le site de Challenges

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Découvrir la nouvelle étude de Léo Péria-Peigné : « Char de combat : obsolescence ou renaissance ? »
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Challenges

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Vincent Lamigeon

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Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l'Ifri

Léo PÉRIA-PEIGNÉ

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Des militaires polonais présentent des chars K2 Black Panther sur Wislostrada lors d'un défilé militaire le jour de l'armée polonaise, Varsovie - 15 août 2024
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