Bonne ou mauvaise nouvelle ? La consommation d’électricité dans les pays « matures » commence à remonter. Après une décennie de lent déclin, cette reprise, si légère soit-elle, suscite l’enthousiasme des acteurs du marché. En France, la hausse serait de 1 %, aux États-Unis, de presque 2 % sur un an. 

« L’Agence américaine d’information sur l’énergie prévoit une croissance annuelle de la demande d’électricité  de 2 à 3 % par an aux États-Unis dans les prochaines années », souligne Thibault Michel, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Cette inversion de la courbe était attendue depuis des années. « Tous les ans depuis 2008, l’Agence internationale de l’énergie misait sur une croissance de la demande d’électricité. Maintenant qu’elle est là, cela étonne tout le monde », souligne Anne-Sophie Corbeau, chercheuse au Columbia Institut. La principale surprise vient des causes de l’augmentation de cette demande, aujourd’hui alimentée par les formidables besoins des centres de données utilisés par l’intelligence artificielle, alors que, pour les prévisionnistes, cette croissance aurait dû être le fruit de « l’électrification des usages  ». Par exemple, le remplacement d’une voiture thermique par une électrique, ou d’une chaudière gaz par une pompe à chaleur (PAC), avec à la clé, une baisse des émissions de gaz à effet de serre.

Une électrification des usages poussive

Dans les faits, la bascule vers l’électrique est poussive. Donald Trump et sa politique du tout « gaz et pétrole » ne sont pas les seuls responsables. En France, les coups d’arrêt permanents aux politiques de soutien à la voiture électrique ou aux PAC ont fortement pénalisé le passage « de la molécule à l’électron ». Or, ces secteurs auraient dû être de grands pourvoyeurs de demande additionnelle, tout comme l’industrie, victime elle aussi de signaux politiques contradictoires dans sa marche vers l’électrification.

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Le cas français

« Aux États-Unis, le risque est réel de manquer d’électricité pour alimenter les data centers utilisés pour l’intelligence artificielle », ajoute Thibault Michel. 

Certes le pays a décidé de relancer la construction de centrales électriques au gaz, mais les délais d’édification et de raccordement sont tels que ces nouvelles capacités ne seront pas mobilisables suffisamment rapidement pour faire face aux attentes de l’IA. Conséquence, les prix de l’électricité y sont déjà orientés à la hausse. L’Espagne a déjà perdu la confiance de grands acteurs du secteur, après le black-out qui a privé le pays d’électricité pendant 24 heures au printemps dernier. 

« L’Espagne est en insécurité électrique, elle est pénalisée par un système électrique low cost, avec une architecture réseau et une flexibilité insuffisantes », tranche Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre Énergie et Climat de l’Ifri.

Reste le cas français qui se distingue dans le paysage mondial avec sa production d’électricité déjà décarbonée, abondante et relativement bon marché. 

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