28
juin
2010
Politique étrangère Sommaires de Politique étrangère

Royaume-Uni : Après les élections – Négociations multilatérales et gouvernance globale Politique étrangère, vol. 75, n° 2, été 2010

En marge des analyses, des rêves, des prédictions sur le futur d’un monde qui se laisse mal penser, les acteurs étatiques d’une part, et les processus multilatéraux d’autre part, dans leurs divers degrés de codification, sont toujours les pôles principaux, déterminants, de l’action internationale. Mais la nature même, le poids, le mode de fonctionnement de ces deux instances évoluent, et d’abord en fonction d’un environnement lui-même en forte turbulence.

Politique étrangère : vol. 75, n° 2 (été 2010)

Cette livraison de Politique étrangère s’attache d’une part au Royaume-Uni, emblème s’il en est de l’ombrageuse souveraineté nationale confrontée à un monde aux règles changeantes, ou au Brésil, symbole de l’ascension – sans doute irrésistible – des nouvelles puissances ; et d’autre part à la « panne » des négociations multilatérales fondées sur l’idée du monde unique, global : négociations commerciales ou négociations sur le climat. Enfin, plusieurs contributions reviennent sur les problématiques directement ou indirectement liées au nucléaire : où en sont les arsenaux, les doctrines des puissances nucléaires évoluent-elles, que signifie au juste la nouvelle position américaine sur les déploiements en Europe de composantes de la future défense antimissile ? Questions que laissent pendantes l’interminable feuilleton iranien, et plus globalement les perspectives de prolifération appréhendées par la récente conférence de révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

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Le Royaume-Uni est-il si différent qu’il le croit, et que nous le croyons, de ses congénères continentaux ? Oui et non. Sur les questions européennes, qui n’ont tenu qu’un rôle négligeable dans la dernière campagne électorale, le royaume appuie son euroscepticisme, somme toute comparable à celui d’autres grandes nations européennes – France y compris – sur un fond d’opinion qui n’a jamais vraiment admis que l’adhésion à la construction européenne constituait un choix stratégique, fondamental, pour le pays. Et le paradoxe apparent est que l’échec manifeste, ces deux dernières décennies, de la relation diplomatique – et militaire – privilégiée Londres/Washington, ne conduit ni les élites britanniques, ni l’opinion, à moduler ce rejet quasi instinctif des ambitions européennes. Les médiocrités européennes n’invitent certes pas à la conversion ; mais les blocages britanniques n’aident guère, eux, à la cristallisation des volontés européennes. Si les inévitables politiques de restriction budgétaire menacent de se transformer en catastrophe pour le budget de défense britannique, la perspective n’incite nullement les partis britanniques dominants à prôner un rapprochement « européen ». L’hypothèse de coopérations industrielles de défense avec la France revient un peu en force : mais au fil des occasions, au fil des programmes décidés nationalement, et seulement dans une logique bilatérale.

La position « européenne » de la Grande-Bretagne ne sera sans doute demain ni aussi catastrophique qu’on le craint, ni aussi positive qu’on l’espère, de ce côté-ci de la Manche. La culture nationale pèse ici de tout son poids, dans un contexte où il se pourrait que le « modèle » britannique s’avère plus résistant que prévu, ou annoncé par des Cassandre continentaux trop pressés. Les problèmes ne manquent pas au Royaume – cohésion interne, questions économiques et monétaires... –, mais les éléments du rebond existent, et l’on demeure impressionné par l’extraordinaire foi en son propre modèle qui émane du pays : un élément déterminant qui manque si souvent de l’autre côté de la Manche...

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Librairies

 

Les lectures de Politique étrangère : vol. 75, n° 2, été 2010
ISBN / ISSN: 
978-2-86592-713-5