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Politique étrangère et politique intérieure aux Etats-Unis : la parenthèse du XXe siècle ?
En 1917, les États-Unis intervenaient, pour la première fois de leur histoire, dans un conflit européen, rompant avec plus d’un siècle d’isolement. Pourtant, la doctrine de Monroe n’a pas cessé de hanter la conscience des Américains, qui regrettent ces temps idylliques où ils se sentaient protégés, de par leur Constitution, des troubles affaires des autres nations. Cette attitude connaît un regain de vigueur depuis la fin de la guerre froide, l’opposition frontale entre les deux blocs ne justifiant plus ni l’intervention permanente des États-Unis dans les problèmes du globe, ni la prééminence du président américain dans la conduite de la politique étrangère. Soit autant d’entorses aux principes constitutionnels d’une Amérique où les mécanismes régissant la politique intérieure déterminent, plus que dans tout autre pays, la politique extérieure.
100 ans de Chine : de la révolte des Boxers au grand pas en avant vers l'intégration globale
1900, 2000 : deux dates clefs dans l’histoire de la Chine. 1900, c’est l’année de la révolte des Boxers et de la répression occidentale qui s’ensuit. 2000 voit au contraire la République populaire frapper à la porte de l’OMC et adopter une série de réformes économiques, juridiques et culturelles qui trouvent souvent leur inspiration en Occident. À bien des égards, pourtant, la Chine d’aujourd’hui a conservé la marque de celle de l’impératrice Cixi : le nationalisme chinois reste vif aussi bien dans les relations avec Taiwan que dans le reste de l’Asie ; et les élites comme la population restent partagées entre l’aspiration à la modernité et la peur de l’interdépendance induite par le processus mondial de globalisation. Mais l’avenir de la Chine est peut-être ailleurs : dans la participation à la constitution d’ensembles régionaux aux côtés de l’Europe ou de l’Amérique latine, plutôt que dans une course à la superpuissance avec les États-Unis qui semble déjà perdue.
La politique étrangère du Japon depuis Meiji : essai d'interprétation
Entré dans la modernité avec l’ère Meiji (1868-1912), le Japon n’a peut-être pas encore trouvé sa véritable place au sein de la communauté internationale. Ayant d’abord échoué dans ses tentatives d’établir en Asie sa propre domination impériale, ayant encore échoué à transformer sa formidable puissance économique en une puissance politique équivalente et ayant, enfin, manqué sa réintégration dans la communauté asiatique jusqu’au tout début des années 90, il semble ne s’être doté que récemment d’une vision globale et cohérente en matière de politique étrangère. Celle-ci tente d’imposer aujourd’hui l’image d’un Japon porteur de paix, de prospérité et de sécurité dans une zone Asie-Pacifique encore en proie à des turbulences, tout en jouant sa propre partition dans un processus de globalisation largement dominé par les États-Unis.
Les questions allemandes au XXe siècle : identité, démocratie, équilibre européen
Ce que nous appelons « la question allemande » regroupe en réalité un ensemble de problèmes de politique intérieure et extérieure dont toutes les solutions proposées sont interdépendantes. Ces problèmes peuvent être ramenés à trois notions clefs : l’identité nationale, la démocratie libérale et l’équilibre européen. Au cours du XXe siècle, la question allemande a tenu en haleine l’Europe et la planète, les précipitant même dans des abîmes et façonnant pour un siècle la carte du monde. Elles ont fini par trouver une réponse durable avec la réunification pacifique de l’Allemagne, le 3 octobre 1990, et l’intégration réussie de la République fédérale dans une Europe occidentale enfin pacifiée.
La Première Guerre mondiale : une rupture dans l'évolution de l'ordre européen
Parce qu'elle entraîna une rupture profonde avec l'ordre ancien, la Première Guerre mondiale apparaît encore aujourd'hui comme la véritable « matrice du XXe siècle ». Rompant avec le concert européen, qui reposait largement sur la défense concertée des intérêts des grandes puissances et sur la volonté de préserver l'équilibre des forces en Europe, la guerre de 1914-1918 et les traités qui en découlèrent prirent une tournure idéologique et prétendirent imposer un ordre international nouveau. Celui-ci se fondit sur des principes novateurs : sécurité collective, droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, souveraineté de tous les Etats, y compris des « petits », exigence libérale et démocratique, enfin, dans le domaine économique et politique. L'échec flagrant de ce système, dont la Seconde Guerre mondiale sonna le glas, n'a pourtant pas cessé depuis de traverser l'histoire du siècle qui s'achève.
Les femmes dans les relations internationales
Les femmes ont longtemps été totalement absentes de l’histoire des relations internationales et de la scène diplomatique. À cet égard, le siècle qui s’achève ne marque, au mieux, que l’infléchissement tardif d’un phénomène qui connut, au XIXe siècle, une sorte d’apogée. En France, la création de l’ENA, en 1945, marque le début d’une ère nouvelle, en permettant à des femmes d’accéder aux emplois de la haute fonction publique. Mais il fallut attendre 1972 pour qu’une Française soit nommée, pour la première fois, ambassadrice. Sur la scène internationale, les droits des femmes sont reconnus à partir de 1946, grâce à l’action de l’ONU. Mais il reste encore à assurer dans les faits l’égalité entre hommes et femmes que tant de conventions proclament et que si peu d’États, même développés, se donnent vraiment la peine d’appliquer.
L'Afrique et le XXe siècle : dépossession, renaissance, incertitudes
L’histoire de l’Afrique au XXe siècle semble encore aujourd’hui, à plus d’un titre, toujours à faire. Dans un monde où domine la vision des grandes puissances et des institutions qui en ont émané, la place de l’Afrique dans les relations internationales oscille ainsi, presque à défaut, entre la gloire et la tristesse : gloire d’un continent qui a su reconquérir en partie ce dont il avait été dépossédé par la colonisation, tristesse d’une Afrique apparemment souveraine où le meilleur ne l’a que rarement emporté sur le pire. Et pourtant, si la dépossession et la renaissance du continent n’ont cessé d’être mêlées dans un même processus historique de construction de l’indépendance, une Afrique nouvelle se dessine depuis le début des années 80, plus autonome et plus ouverte, mais aussi plus diverse et plus complexe que ne le laissait présager le paysage assez homogène de l’indépendance retrouvée.
Nation et Europe au XXe siècle : de la sacralisation négative à la sécularisation positive
Le XXe siècle restera peut-être celui du divorce entre la nation et l’Europe. Après avoir façonné le Vieux Continent au XIXe siècle, le nationalisme l’entraîna en effet à sa perte, poussant par deux fois les vieilles nations européennes dans une guerre civile et mondiale qui les relégua au rang de puissances secondaires. Dès lors, le divorce entre l’Europe et la nation semblait consommé, favorisant l’émergence d’une Communauté puis d’une Union européenne aux desseins supranationaux. Mais la dévaluation de la nation n’a pas manqué de produire en retour quelques effets pervers, que le triomphe de la globalisation sous égide américaine n’a fait qu’amplifier. Et si la nation n’est plus sacralisée, comme elle le fut par le passé, elle paraît seule en mesure de redonner à l’Europe les fondations qui lui font encore défaut pour devenir une véritable Union.