Dans le site symbolique dans la diplomatie d'Emmanuel Macron du majestueux fort de Brégançon, résidence d'été des présidents français, les invités sont généralement triés sur le volet, rappelle notre envoyée spéciale à Toulon, Valérie Gas. L'invitation du nouveau chancelier allemand Friedrich Merz n'a ainsi rien d'anodin et symbolise la poursuite de l'objectif affiché par Emmanuel Macron depuis l'arrivée de Friedrich Merz au pouvoir : relancer le couple franco-allemand.

« Une preuve d'amitié », malgré des divergences

Le chancelier a, lui, apprécié le privilège d'être reçu. Et il l’a même dit en français. « C'est un honneur exceptionnel d'être ici, et c'est surtout une preuve que l'amitié qui nous unit entre la France et l'Allemagne, mais aussi entre nous deux », a-t-il déclaré.

De fait, ils ne se quittent plus, souligne Julien Chavanne, du service international de RFI. On les a vus ensemble à Kiev, en juin. À Washington, il y a 10 jours, pour parler Ukraine avec Donald Trump, puis à Chisinau, cette semaine, pour soutenir la Moldavie face à l'influence russe.

Emmanuel Macron et Friedrich Merz seraient en pleine lune de miel diplomatique. Rien à voir avec l'époque Olaf Scholz. Les tensions, voire les incompréhensions, ont marqué les relations entre les deux pays sous le mandat de l'ex-chancelier. Depuis mai, Paris et Berlin sont désormais alignés : sur le soutien indéfectible à l'Ukraine et sur l'immigration.

Mais l'alchimie tant vantée par l'Elysée connaît quelques accros. L'Allemagne refuse de reconnaître l'État de Palestine, alors que la France tente de rallier d'autres pays à le faire. Berlin traîne des pieds sur l'Europe de la défense.

Mais, avec cette réception au fort, suivie d'un dîner, puis d'un conseil des ministres franco-allemand ce vendredi 29 août à Toulon, Emmanuel Macron affiche la relation franco-allemande sous un beau jour. Mais si le président de la République tente de jouer sur les relations personnelles dans sa diplomatie, il n'en reste pas moins en situation d'instabilité sur la scène nationale, avec la probable chute du gouvernement de François Bayrou le 8 septembre prochain.

Un Conseil des ministres dans un contexte d'incertitude politique en France

Le conseil des ministres franco-allemand de ce vendredi 29 août à Toulon devra fixer un agenda bilatéral. Au moment où l’agenda politique national est, lui, plus qu’incertain. Selon Paul Maurice, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes à l'Institut français des relations internationales (Ifri), ce contexte nuit sans doute aux discussions, car on peut supposer que les « Allemands sont inquiets de travailler avec un partenaire instable ».

La défense européenne au cœur des discussions

Jeudi soir, Emmanuel Macron a cependant fait comme si de rien n'était, en réaffirmant ses ambitions : « Le couple franco-allemand aujourd'hui est parfaitement aligné pour avoir une Europe qui tient sa position géopolitique face à la guerre d'agression lancée par la Russie, et une Europe qui regarde aussi en face ses défis et qui a décidé de se réarmer pour assurer sa protection », a-t-il lancé.

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