23
sep
2021
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Paul MAURICE, interview vidéo pour L'Opinion

Angela Merkel, s’adapter pour mieux régner

Au pouvoir depuis 2005, Angela Merkel quittera la chancellerie à l’issue des élections législatives du 26 septembre. Retour sur les volte-face qui ont marqué ses 16 années à la tête de l’Allemagne avec Paul Maurice, chercheur au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’IFRI

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Non au nucléaire, accueil des réfugiés, adoption du mariage pour tous... Angela Merkel, qui quittera la chancellerie à l’issue des élections législatives du 26 septembre, a à plusieurs reprises opéré des virages à 180 degrés.

Ce fut notamment le cas en 2011 : favorable au nucléaire, elle déclare vouloir fermer les centrales suite à la catastrophe de Fukushima.

Paul Maurice, chercheur au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’IFRI : « En fait la décision avait été prise par le gouvernement Schröder de 1998 à 2005 avec les Verts, de fermer les centrales nucléaires. Et en 2009, Angela Merkel avait décidé de prolonger le délai. Et finalement en 2011, elle décide de les fermer suite à Fukushima.

Elle a senti aussi qu’il y avait un mouvement politique à jouer. En 2011, les Verts font un score assez impressionnant à Brême lors d’une élection locale et elle sent qu’il y a aussi une attente de la population allemande vis-à-vis de cette fin du nucléaire. Ce qui a été une décision un petit peu surprenante puisque son parti soutenait plutôt le nucléaire. Mais on voit là déjà un premier geste qui est adapté, pragmatique, en fonction de l’opinion publique. »

Quatre ans plus tard, elle décide d’ouvrir les frontières du pays à des dizaines de milliers de migrants arrivés par la route des Balkans.

Paul Maurice :

  • « Dans le contexte de la «crise» migratoire de 2015, Angela Merkel décide d’accueillir près d’un million de migrants en Allemagne. Alors ce n’est pas une décision seulement de l’Allemagne, elle était aussi contrainte par des décisions européennes, mais contrairement à d’autres pays, elle a fait respecter les règles et elle en a accueillis peut-être plus. On peut penser peut-être à la Hongrie qui, elle, avait fermé ses frontières.

Ça a fait un geste symbolique d’Angela Merkel, on peut l’expliquer peut-être du fait qu’elle a grandi en Allemagne de l’Est, qu’elle est marquée par le fait de fuire son pays pour des raisons politiques et/ou économiques, qu’elle est marquée aussi par son éducation chrétienne, son père était pasteur protestant donc c’est peut-être ça qui a décidé son geste. En tout cas c’est une décision forte qui marquera son gouvernement.

Néanmoins, il y a aussi une décision très pragmatique d’Angela Merkel qui est le fait qu’il fallait accueillir ces gens peut-être aussi pour des raisons économiques. L’Allemagne est un pays vieillissant et a besoin d’une forte main d’œuvre actuellement. Donc on a ces deux raisons, même si la raison humaniste semble primer. »

En 2017, elle prend une nouvelle fois tout le monde de court en annonçant être favorable à un vote «en conscience» sur la légalisation du mariage entre couples du même sexe, alors même qu’elle s’y oppose.

 

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