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La Chine courtise exclusivement le Sud à l’occasion du 3e forum des Nouvelles Routes de la Soie

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cité par Michael Peuker dans 

  RTS
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Plus de 130 responsables internationaux sont réunis à Pékin pour la troisième édition des Nouvelles Routes de la Soie, l’initiative de développement lancée par Xi Jinping il y a dix ans. Alors qualifié de « chantier du siècle » par le président chinois, le projet est en perte de vitesse.

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Conçu initialement comme un vaste projet d'infrastructures physiques, les Nouvelles Routes de la Soie visent à relier la Chine aux quatre coins de la planète via un vaste réseau de ports, d'aéroports, de routes, de chemins de fer et de centrales énergétiques pour intensifier les échanges commerciaux. L'un des principaux objectifs au moment du lancement du projet était d'offrir à l'industrie chinoise – et notamment au secteur de la construction – des débouchés pour écouler ses surplus de production. De ce point de vue, le projet est une réussite, estime dans La Matinale Ammar Malik, chercheur auprès de l'institut AidData spécialisé dans les études de développement.

En dix ans, la Chine a investi plus de mille milliards de francs auprès de ses partenaires, essentiellement sous forme de prêts. Plus de 3000 projets ont été lancés en une décennie. De nombreux pays pauvres ont bénéficié de l'initiative et de ses crédits, accédant à des infrastructures longtemps hors de portée. « Pékin a livré ses projets sans précondition, avec une évaluation minimale des risques, ce que les pays occidentaux n'ont jamais voulu faire. Ce non-interventionnisme politique ou dans le champs des valeurs a permis à la Chine de marquer des points et de renforcer son influence dans de nombreux pays », souligne Ammar Malik.

Sans la Suisse

Des pays à revenus modestes conviés à Pékin à l'heure où de nombreux Etats occidentaux n'ont pas été formellement invités. C'est le cas notamment de la Suisse, pourtant présente lors des deux premières éditions du Forum des Nouvelles Routes de la Soie. En 2019, Berne y avait même signé un mémorandum d'entente pour renforcer la coopération dans le cadre du projet de développement chinois.

Entre-temps, les relations entre la Chine de Xi Jinping et l'Occident en général se sont refroidies.

« Les autorités chinoises considèrent les démocraties libérales comme une cause perdue. Elles préfèrent recentrer leurs efforts vers les régions du monde où elles savent qu'elles peuvent compter sur leur influence, soit ce que la Chine appelle le ‘Sud Global' », explique Marc Julienne, chercheur à l'Institut français des relations internationales.

Avec Vladimir Poutine

Premier grand évènement de portée internationale organisé par la Chine depuis la réouverture de ses frontières à la suite de l'abandon de sa politique zéro-Covid, le troisième Forum des Nouvelles Routes de la Soie se distingue donc par les absents, mais aussi par les participants.

Parmi les 130 représentants internationaux présents figure Vladimir Poutine. Il s'agit de l'un des tout premiers déplacements à l'étranger du président russe depuis que la Cour pénale internationale a émis un mandat d'arrêt à son encontre en mars. Cet ordre contraint les 123 Etats membres de la CPI à procéder à son arrestation et à son extradition vers la Haye pour y être jugé s'il devait mettre le pied sur leur territoire. La Chine n'est pas membre de la Cour.

Bien que la Russie n'ait pas officiellement adhéré à l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie, la présence de Vladimir Poutine au Forum éponyme traduit la volonté des Chinois d'instrumentaliser l'évènement pour y promouvoir leur vision du monde. Xi Jinping met en avant une conception multipolaire visant à donner plus d'autonomie au Sud hors du carcan des normes internationales telles qu'établies à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Une manière de repenser le projet des Nouvelles Routes de la Soie en des termes plus politiques à l'heure où les sommes allouées pour la construction d'infrastructures a fortement diminué.
 
 
« Les chiffres montrent que les prêts dans les Nouvelles Routes de la Soie ont chuté drastiquement à partir de 2017. », Pour Marc Julienne, le grand chantier du siècle tel que présenté par Xi Jinping en 2013 s'est enlisé.
 

Système bancaire chinois sous pression

Un constat que partage Ammar Malik: "La part des pays à bas revenus ou à revenu moyen surendettés a doublé ces dernières années, passant de 30 à 60% selon le FMI… Et la plupart de ces pays sont de grands bénéficiaires des projets de développements chinois." De nombreux pays à bas revenus ou à revenus moyen peinent en effet à rembourser les crédits octroyés par la Chine.

Ces difficultés mettent Pékin dans l'embarras: une étude publiée le printemps dernier dévoilait un vaste programme de renflouement. Les autorités chinoises ont dépensé près de 240 milliards de francs ces dernières années pour soulager les pays aux prises avec leurs dettes liées aux Nouvelles Routes de la Soie. Une situation qui met le système bancaire chinois sous pression et pousse désormais à la prudence. ‘Petit et magnifique', le nouveau slogan du projet sonne comme un appel à la raison: les financements de Pékin seront à l'avenir alloués à des projets plus modestes, liés à des objectifs sociaux ou politiques.

 

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>> Retrouver l'article en intégralité sur le site RTS .

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri